Écoute la pluie chanter ou rire le soleil
Sur le chemin, il y a toujours un arbre, une fleur, un oiseau
Pour faire battre ton coeur, parfois si triste…
Chanter
Avant la nuit
Douceur
les couleurs ne sont pas encore effacées
les lampes des maisons sont pourtant déjà allumées en prévision de la nuit
Douceur de l’instant
l’intensité du jour s’atténue pour accueillir le soir
le soir fait miroiter ses habits soyeux pour faire honneur au jour
Instant magique
qui abolit le temps
il ne fait plus jour mais il ne fait pas nuit
sensation un peu irréelle
qui donne le sentiment de l’éternel
A l’intérieur de la voiture chante la musique de Mozart
modulation infinie des notes claires
l’âme est légère, emportée par un ange espiègle
des guirlandes de lumières joyeuses jalonnent la route à travers la campagne
Invitation à la danse
Inexplicable
La joie quand même, la joie toujours, une joie triste, une joie qui ne sait pas qu’elle sait ou qui sait qu’elle ne sait pas, une joie têtue, une joie douce, une joie qui aime aimer, une joie enracinée, une joie plus difficile à arracher que les ronces, une joie fragile, une joie qui pleure, une joie qui doute, une joie qui regrette, une joie qui pense que le monde est mal fait, une joie qui voudrait se cacher, une joie qui est, une joie qui voudrait demeurer, une joie moins absurde que le mal, une joie qui soustrait du mal au mal, une joie vitale, une joie primordiale, une joie essentielle, une joie qui chante, une joie qui enchante, une joie magicienne, une joie qui change tout…
Sans toi
Lueur zébrure nuit encre
heure bleue horizon fermeture rien
que le ciel rien
que la nuit rien
à l’horizon il me souvient tant
dans un jardin parfumé de jasmin
jadis
à l’heure tendre du crépuscule tendu de rose le rossignol chantait et ton cœur battait contre le mien
ce temps n’est plus il me souvient tant pourquoi s’en est-il allé ses ailes noires t’ont emporté dans la nuit obscure je veux aller pour te rejoindre et recommencer
jadis est une pierre précieuse dans la nuit noire de la mémoire en deuil de mille feux elle brille
jet d’eau de paroles et de larmes qui disent et pleurent l’absence faisceau de soupirs qui s’écoulent en silence sur le seuil de la maison vide poignée de pétales éparpillés sur les marches
il me souvient tant tant et tant de souvenirs disparaissent et s’éteignent les bouquets de souvenirs ont la beauté d’un feu d’artifice
Rixilement
« C’est désormais devenu un rendez-vous important pour toutes celles et tous ceux qui s’intéressent à l’écriture web. Le dernier vendredi du mois, nous nous retrouvons pour proposer, sur nos blogs respectifs, la lecture d’un auteur publiant en ligne. Depuis la création de la webasso, ce sont plus d’une centaine d’auteurs contemporains dont nous avons disséminé les textes (voir ici l’index et la Revue disséminée). »
***
M’apprendras-tu ?
M’apprendras-tu à écrire la mer et le jardin, la forêt, les falaises, la pluie qui sourit, le saule qui danse au vent, l’oiseau qui chante en passant ?
M’apprendras-tu à écrire les jours heureux, lorsque le souvenir rejoindra le ciel, lorsque le sentier se perdra en nous ?
M’apprendras-tu à écrire la vie paisible de l’herbe, le baiser des étoiles, la joie des nuages ?
M’apprendras-tu à écrire la bouche qui enchante et les mains qui caressent ?
M’apprendras-tu à écrire loin des tourments quand les guerres seront finies ?
M’apprendras-tu à écrire la montagne et l’océan quand ils se rejoindront ?
M’apprendras-tu à écrire le vent qui sème et le blé qui chante ?
M’apprendras-tu à écrire la pluie du soir et la nuit de la lune ?
M’apprendras-tu à écrire la table dans le jardin ?
M’apprendras-tu à écrire dans l’à côté de toi ?
M’apprendras-tu à écrire la vie avec du ciel ?
M’apprendras-tu à écrire la vie ?
M’apprendras-tu à écrire ?
M’apprendras-tu ?
*
Episode
Tu le pressentais. Tu voulais l’éviter, prendre un autre chemin, détourner le regard, courir en sens inverse. Il te faudra pourtant le regarder en face, l’affronter, dépasser le seuil de claquage, avant de pouvoir t’en détacher et comprendre ses bonnes raisons. L’orage a toujours de bonnes raisons de gronder. En toute saison, selon le cisaillement du vent, au sommet des nuages, lorsque les cristaux de glace viennent à se former. Toi, tu sens les conditions se présenter. Tu pressens les courants ascendants qui refroidissent l’air et la force des vents. Mais tu ne peux rien faire. Comme toute chose, il te faudra accueillir l’orage, accepter les rafales. Tu logeras sous une voûte sans écho. Tu penseras aux grandes plaines américaines. Tu rêveras des prairies canadiennes. Tu verras se déclencher un front comme un creux dans le baromètre. Les masses s’accumuleront. Les rivières se gonfleront des pluies engendrées. Nul ne sait la durée de l’épisode. Quand l’orage se dissipera, tu retourneras dans une zone plus fraîche. Tu retrouveras le silence. La dépression laissera des traces sur l’horizon. En toi, une marque restera. Doucement, elle creusera tes sillons, s’étendra le long d’une ligne de grain. Alors tu regagneras la cabane. Tu écouteras la petite musique de la pluie sur le toit. Et tu t’endormiras.
*
Dans l’ombre des pierres
Je suis assis sur un banc, dans l’ombre de la façade. Au-delà des falaises, sous la pluie d’un bois tendre, je vois le souvenir. Je grimpe à l’arbre dans l’ombre du feuillage. J’entends la voix de la femme qui prendra corps. J’admire le fleuve en long, miroir de la vie qui danse. Je lève la tête vers les nuages entrelacés. Le ciel se rapproche, à l’orée de la ville. Je raconte aux pierres la patience. Je leur révèle la douceur des chuchotements de la nuit. Je regarde la mer au loin. Je l’entends qui gronde. Elle me demande de donner mes épaules à la femme. Je lui annonce que j’en ferai une écharpe et la lui offrirai. Je suis assis sur un banc. Dans l’ombre de mes mains, un petit oiseau aux plumes de pierre.
Ils sont l’homme et la femme dans l’ombre des pierres, dans le creux taillé pour eux, dans le regard qu’ils posent l’un sur l’autre, dans les visages qui affleurent et le baiser qu’ils ne se donnent pas. Ils sont dans les mains que les lignes dessinent, dans la jeunesse qui s’efface, dans les fêlures qui laissent des traces, dans l’indifférence des hommes qui passent. Le vent les a fatigués, dans un sempiternel jamais. Ils sont l’homme et la femme de nos façades que la pluie a délavées, ils sont les fenêtres sur les futurs incertains. Ils sont lovés dans la pierre, dans la patience infinie, dans les pleins et les déliés que les hommes ont gravés, nichés dans le cercle tracé. L’homme et la femme ne se perdront pas, ils ne prendront pas une ride, ils resteront nez à nez, ensemble, dans les vies qui défilent.
Clotilde Daubert
Dissémination du vendredi 30 octobre 2015
élévation
Ricochets de la lumière
Bonheur du soir
Le rossignol chante
Si pure est la mélancolie
Si douce est la nostalgie
de cet autre monde rêvé