Fin du monde

La pénombre couvait tous les objets       sous la chaleur leurs ombres étaient pleines       la mer traversait l’épaisseur

flux et reflux   la fleur expire

dans son vase en terre

du fond des civilisations disparues

du fond des ombres  à découvert  ce morceau de verre  brisé

passe les feux de la rampe

à des années-lumière

de toute réalité   ça sent la poussière

et les décombres   sur un petit tableau   près de la cheminée   rougeoient   dans un raz-de-marée   en transparence   les braises feutrées coulent sur la pierre

un chapeau mou

gondole une console

dans un coin de la pièce   quelques statuettes

et des livres   beaucoup de livres

dont les gaufrures aspirent les flammes

le cendrier fume encore

près d’un verre vide   et renversé   l’autre debout   à demi-plein   le liquide est luisant   et danse   sur une pipe en bois sombre

près d’une autre pipe en terre   dont la chute est amortie   sur les années

lumière qui s’égoutte

en feuilles mordorées

sur les tapis profonds et doux   le chat y dort   leurs  poils se mêlent   il s’y enfonce   et puis se roule

mouvement fixe

en boule

le dos rond de l’élan figé

silence lourd de sens ou silence de non-sens

la tête tourne   d’un petit pantin   d’une boîte à

musique offre-cigarettes

qui l’a remontée?

du fond des ombres   les fauteuils se forment   alanguis   sur la plage profonde et brune   dans la chaleur de la moquette

tachée

le canapé s’étire   sous la fenêtre   les rideaux ne

sont pas tirés

à la croisée se glisse

l’aurore ou le crépuscule

des surhommes qui tuent

l’humanité qui dort

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