Mille petits riens qui font un grand tout

     Brigitte Célerier  brode la toile du net avec les mille petits riens qui font la saveur de sa vie quotidienne, celle-ci devenant partie intégrante de la nôtre au fil des lectures. Ah, l’écriture inquiète de Brigitte Célérier! Elle avance sans en avoir l’air, d’un pas hésitant mais patient, d’une plume qui doute mais qui trace, accompagnée de photographies qu’elle prétend souvent ratées mais qui illustrent pertinemment l’objet de son propos (qui n’est pas tant de montrer une perfection achevée que  l’accompli imparfait, les modestes travaux des jours…), et se demande sans cesse s’il convient de continuer à nourrir Paumée (tout un programme!), son blog.

     Brigitte Célerier cultive l’amour discret de l’humain, qui perdure en dépit de tout, la maladie, la malchance, les déceptions, les désillusions, les insuffisances, les limites des uns, des autres ou de soi-même. Ses sorties quotidiennes dans les rues d’Avignon sont l’occasion de cueillettes qu’elle nous fait partager dans les billets de son blog comme autant de pépites qui nous font admirer l’art avec lequel, mine de rien, elle promène son regard et son coeur sur le monde et sur les gens. C’est ainsi que, sur le chemin du retour vers ce qu’elle appelle « l’antre », chargée de cabas mais la tête dans les nuages, elle s’arrête soudain, « émerveillée par le coeur qui filait lentement, allongé dans le ciel, au dessus de ses [mes] pas » …

     Evidemment, Brigitte Célerier nous fait profiter des merveilles qu’elle glane au cours du festival d’Avignon et, tout au long de l’année, à l’occasion des programmations du calendrier culturel de la ville, sans oublier le fruit de ses lectures, riches et denses, qui occupent le temps libre au fond de « l’antre ». Celui-ci devient ainsi – aussi – notre refuge. Et, dans le soir qui descend, nous faisons retour avec elle sur la journée écoulée, en tirons ce que pouvons, et nourrissons notre imaginaire de la cueillette du jour…