Rêve blanc
Oublier… aimer
le souffle de ce peu de brume
au petit matin
quand l’aube du monde paraît possible
et que la rosée pleure
ses pétales fanés
oublier… supplier
les tambours de la peur
pendant la tempête de la nuit
quand tous les sens du monde se brisent
et que le temple s’écroule
en écrasant les coeurs
oublier… désirer
la douceur du jour au midi de la vie
quand le ciel est pur et que la beauté du monde
semble rendre le mal irréel
comme un mauvais rêve
abolir… oublier
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Off
S’endormir
pour oublier l’équivoque de la vie
le quiproquo fondamental
le triangle équilatéral
l’incompréhension absolue
la quadrature du cercle
en comptant les étoiles
qui tournent en rond
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Le vieil homme
Sur la peau de ce vieillard qui médite là-bas dans l’ombre de sa pensée
alluvions et cailloux dans le lit de ses rides s’étalent en plages lisses ou dégringolent en tiges noueuses
le vent a soufflé le soleil a desséché la pluie a délavé ce bel arbre chenu qui tout doucement descelle ses racines
son regard clair et perdu coule entre les rivages de la vie et de la mort
étrange acteur de l’insaisissable il n’est plus que l’essence de l’homme qui a fini d’exister
il laisse à nos coeurs battants en guise de testament la géographie de son corps
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Flexion-réflexion
Cet homme
là
tout rabougri, tout recroquevillé
noirci par les intempéries, l’âge, les soucis
cet homme qui semble absent à lui-même
penché vers le sol pour se protéger des rafales de pluie
cet homme sans âge et peut-être sans âme
cet homme fini
que voit-il?
dans sa marche courbée
sur l’orbe de la terre
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