haïkus

Maturité

Au pied du cerisier
comme des mots caducs
la chute des pétales

Élan vital

Un éclair roux
des branches qui reverdissent
le bond d’un écureuil 

Effacement

Légers et tremblants comme des flocons de neige
sur les haies blanchies par les aubépines en fleurs
le scintillement des pétales

Travelling

Faisceaux de phares
lignes blanches, asphalte noir
film de la route, un soir

 

Thriller

Chemin de campagne
deux promeneurs paisibles
un bruit qui enfle

Sensation extrême

Ici maintenant
acmé de l’instant
je vis

Regain

De la souche
arbre abattu
racines de joie profonde

Intériorité

La neige, nue comme la mer
sans la rumeur des vagues
grise et lisse comme le ciel

Barricades

Fermer les fenêtres
à l’extérieur hostile
repli

S’endormir

Dans l’étang de la nuit
comme un caillou
plongeon de la conscience

Photo visorando.com

 

 

Désert

A perte de vue
le sable et le ciel
et ton regard éperdu

 

Utopique

Le chant d’un oiseau, au loin
vent léger, douceur de l’air
le monde entre parenthèses

Sur l’écran vide de mes pensées

Quel est ce sentiment
sentinelle avancée
d’impossibles soleils

?

Flamme rousse dans le feuillage
grâce interrogative
l’écureuil vient de sauter

Horizon

Dans la pénombre de la pièce
découpé par la fenêtre
un rectangle de lumière

Sur la rocade

En couronne autour d’un ange
des lumières sourient au loin

Reims, rêve de pierre

Trêve blanche

Sablier lent de la neige
chute souple des flocons
monde en suspension

Une maison dans la nuit

La cheminée fume
lueurs dansantes aux fenêtres
douce chaleur du foyer

Devant la feuille blanche

Le souci s’efface
irruption de la couleur
mes pastels entre les doigts

Contre mauvaise fortune

Ciel gris, maison froide
la flamme d’une bougie
me réchauffe le coeur

Renaissance

Derrière un voile humide
après la tempête
le sourire de la lumière

Photo de @RoberteRomer

 

 

Intimité

Être chez soi, en soi
les murs murmurent
l’amour n’a pas de murs

Cache-cache

De l’enclos du ciel
en suivant les nuées
la lune pourrait s’enfuir

Dérive des rêves

Vagues de velours
dans l’océan du sommeil
si douces aux naufragés

 

Alimenter la flamme

Petites vies anonymes
craquées comme des allumettes
dans la nuit de la grande mémoire humaine

Inventaire

La vie dans la durée
petits riens accumulés
trésors cachés dans les coeurs

Le tissu moiré de la mémoire

Coulent les jours
et leurs couleurs
dans la nuit d’encre

Comme des coquelicots

Pétales jaunes  ou rouges

sous les phares des voitures

les flocons tourbillonnent

Méditation

Au bord de la nuit
mer noire
l’abri des livres

Décompte

Trois brins d’herbe verte
entre deux cailloux blancs
sur le chemin noir