Le Matricule des Anges

 

Article paru dans le N° 053
Mai 2004

par Katrine Dupérou

La couleur sienne, c’est la couleur des murs de la cour. C’est la couleur qu’elle fait sienne, elle, la jeune narratrice de cette histoire sans fin. C’est aussi la couleur de la terre du Nord, des vieilles briques que son père lui avait demandé de nettoyer. Couleur de fond sur laquelle se détache la silhouette de ce père, disparu un jour, dans la salle obscure du cinéma Rex.  » Parti chercher du travail « ailleurs »  » avait dit la mère. Mais sur l’écran de ses jours, comme sur une ardoise magique, l’enfant fait apparaître/disparaître son père, grand seigneur revenu d’Amérique, brillant saltimbanque au volant d’une Cadillac. Et dans la cour de la maison, elle bâtit son théâtre d’ombres, où les personnages se nomment  » l’Absent « ,  » Moi « ,  » les autres « , où tout était possible.

Dans une langue précise, le deuxième livre de Françoise Gérard tisse les fils ténus d’une histoire sensible. Elle nous offre le récit imparfait d’une existence s’ouvrant au monde et interrogeant ses mystères. Un morceau d’enfance déchiré par l’absence.

Couleur sienne de Françoise Gérard, La Chambre d’échos.

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