Haïkus

Trêve blanche

Sablier lent de la neige
chute souple des flocons
monde en suspension

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Intériorité

La neige, nue comme la mer
sans la rumeur des vagues
grise et lisse comme le ciel

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Lignes essentielles

Un regard amoureux
une fenêtre sur le bleu
d’un sublime blanc d’hiver

Brume de l’hiver
le regard est ébloui
par le blanc tombé des cieux

Et la neige lui parla
de ce qui efface
et de ce qu’ensuite on efface…

Echange avec Caroline Dufour, 22/01/2018

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Travelling

Faisceaux de phares
lignes blanches, asphalte noir
film de la route, un soir

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Une maison dans la nuit

La cheminée fume
lueurs dansantes aux fenêtres
douce chaleur du foyer

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Devant la feuille blanche

Le souci s’efface
irruption de la couleur
mes pastels entre les doigts

Un haïku noir et blanc pour célébrer la couleur
poésie ou pastels
les mêmes doigts coeur battant

Noir et blanc ou rouge et noir
mélancolie d’un soir
passion ou patience des jours

Echange avec Christine Zottele, 09/01/2018

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Contre mauvaise fortune

Ciel gris, maison froide
la flamme d’une bougie
me réchauffe le coeur


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Renaissance

Derrière un voile humide
après la tempête
le sourire de la lumière

Photo de @RoberteRomer

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Intimité

Être chez soi, en soi
les murs murmurent
l’amour n’a pas de murs

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Cache-cache

De l’enclos du ciel
en suivant les nuées
la lune pourrait s’enfuir

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Dérive des rêves 

Vagues de velours
dans l’océan du sommeil
si douces aux naufragés

Ecrire au revers des rêves
éveillé d’une seule paupière
sur l’écume du vague

Enrouler la page écrite
au creux des vagues
dans l’écume du silence

Echange avec Christine Zottele, 04/01/2018

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Alimenter la flamme

Petites vies anonymes
craquées comme des allumettes
dans la nuit de la grande mémoire humaine

De l’une à l’autre
l’une s’étoile dans la nuit
l’autre a souri

De l’autre à l’une
au clair de la vie
sans craindre la nuit

Echange avec Christine Zottele, 20/12/2017

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Inventaire

La vie dans la durée
petits riens accumulés
trésors cachés dans les coeurs

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Le tissu moiré de la mémoire

Coulent les jours
et leurs couleurs
dans la nuit d’encre

Coule la nuit
dans mon jour gris
la couleur le fuit

Fuite des jours
ronde des heures
les couleurs dansent avec la nuit

Echange avec Christine Zottele, 11/12/2017
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Comme des coquelicots

Pétales jaunes ou rouges

sous les phares des voitures

les flocons tourbillonnent


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Méditation

Au bord de la nuit
mer noire
l’abri des livres

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Décompte

Trois brins d’herbe verte
entre deux cailloux blancs
sur le chemin noir

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Pluie salvatrice

Rires en cascade
souvenirs d’été
lavés par l’averse

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Fragile

Une rayure blanche
dans la porcelaine du ciel
le sillage d’un avion

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A l’heure de la sieste

Bleue, l’écharpe de soleil
posée sur la fenêtre
ouverte au murmure du vent

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Le ciel obscur

Nuit criblée d’éclats blancs
rire des étoiles
silence étincelant

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Soir d’hiver

L’ombre qui efface le monde
à la tombée du jour
aura si vite tissé la nuit

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Calligraphie de l’eau, danse de l’écriture

Le jupon de l’écume
sur la page de la plage
brode les rêves d’une vague

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Ecrire

Galets de mots sur la page
le vent souffle sur le sable
érosion des sens

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Fraîcheur

Sous l’eau claire du torrent
polis, les cailloux barbotent
plaisirs innocents

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Ephémères parures

Suspendues aux fils d’argent
lumière naissante
quelques larmes de rosée

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Piège de lumière

Entre deux brindilles
offerte au vent léger
une toile d’araignée

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Un ange passe

Herbes

Légère ondulation de l’herbe
petite houle sur le champ de blé
souffle invisible du vent

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Désolation

Fuir les ténèbres du jour
nuit volontaire
trop de larmes aveuglent les yeux

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Douceur céleste

Le toit du monde est rose et bleu
tendresse pastel
du ciel qui nous abrite

pour @mots sous l’aube, en remerciement

Anna

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Echec et mat

Blanc silence dans la nuit noire
le monde n’est pas en repos
il fomente les drames du jour

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Thriller

Chemin de campagne
deux promeneurs paisibles
un bruit qui enfle

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Grisaille

Au-delà des nuées à peine
bleu azur soleil caché
le ciel se devine

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Une lampe dans la prison*

Entre les murs
dans les rues des villes
échappées vers le ciel

*in A la Santé
Guillaume Apollinaire, Alcools

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Fin de saison

J’étais l’été
sourire fermé
le soleil est clos

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Mauvaise nouvelle

Extrême fragilité
de ma sensibilité
déstabilisée

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Sensation extrême

Ici maintenant
acmé de l’instant
je vis

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Marche nocturne

La pluie la nuit luit
avec des reflets de lune
sur le trottoir tristesse noire

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Fortune de mer

Qui suis-je?

naufragée

épave de mes souvenirs moribonds

(Le Rimbaldien)

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Ciel

les nuées s’écartent

dramaturgie

Dieu va-t-il apparaître?

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Nos frères

verticalité et déploiement

les arbres comme nous vers le ciel

tendent les bras

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Feu d’artifice

jour gris
heure sombre
étincelles d’instants

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Étoile filante

dans la nuit de l’Univers

point incandescent

souffle sur une allumette

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Barricades

fermer les fenêtres
à l’extérieur hostile
repli

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Mémoire empêchée

tapotement léger de la pluie

glissent les pensées

sur la vitre des souvenirs

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Racines galopantes

au loin sur la plaine

en rangs serrés

armée pacifique des arbres

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Regain

de la souche
arbre abattu
racines de joie profonde

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Poudre de soi

tendres pensées aux pétales fragiles

corolle de l’âme en prière

que butinent des ailes de lumière

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Z

pluie d’orage

lueurs orange

son du canon

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Pluie d’été

vapeur verte

gouttelettes dorées

brume festive dans le jardin

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Pluie de lumière

la lumière bleue du ciel

tombe drue sur le jardin

qui tend son prisme vert

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Fête

parfum des aubépines

tous les arbres sont en fleurs

le hêtre achève de déployer ses feuilles

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Giboulées

voile grave des nuages

soleil caché

mais pluie riante

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L’été

chant d’un oiseau

frondaison douce

brise légère

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Changement d’ère

le vent

en rafales

déroule de noirs dessins

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Dans un creux de la nuit

lucarne ouverte aux étoiles

lune scintillante

chevauchée de nuages

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Idyllique

clarté de l’eau

de l’air

de la nuit sous la lune

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Ivresse

sous la lampe

soûle de fatigue

les lettres que je trace titubent

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Spéléologie

yeux fermés

je descends en moi

à la verticale de mes rêves

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Protestation

chair endolorie

tristes efforts physiques

fatigue de l’être fini

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Recommencement

flux et reflux

la mer (mère?) a lavé nos traces

le monde est comme au premier jour

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Elémentaire

fraîcheur de l’eau

saveur du pain

savoir du corps

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