lac

Un engrenage infernal

(Récit en cours d’écriture)

     Detroit et Flint étaient les deux villes les plus pauvres des Etats-Unis, et les plus endettées. En 2014, pour réduire ses coûts, la municipalité de Flint avait décidé de puiser son eau dans la rivière locale plutôt que de continuer de l’acheter à la ville de Détroit, et les habitants se plaignirent très vite de la qualité de l’eau après le changement d’approvisionnement. Ils souffraient de vomissements, de pertes de cheveux et d’éruptions cutanées depuis qu’ils la buvaient, mais la Ville se contenta de leur enjoindre, à chaque fois qu’elle était saisie d’une plainte, de faire bouillir l’eau avant de la consommer, afin de neutraliser les bactéries censées être à l’origine des troubles, l’usine d’épuration défaillante ne parvenant pas, manifestement, à les éliminer. Or, l’eau très polluée de la Flint River, dans laquelle les industriels déversaient leurs déchets depuis des décennies, était beaucoup plus corrosive que celle du Lac Huron, qui alimentait auparavant la commune. Cette eau acide attaquait les conduites en libérant le plomb contenu dans les vieilles canalisations qui constituaient l’essentiel du réseau de distribution, et les additifs chimiques injectés par la municipalité pour la décontaminer ne faisaient qu’aggraver la corrosion des tuyaux usagés, qui se délestaient de leur poison dans les flux desservant les habitations…

     Le piano de Louis 

     2064

 

14 fois vers le même objet

   Eté 2016: l’atelier d’écriture de François Bon

1

     J’ai devant les yeux un objet absent imaginaire de forme rectangulaire… comme si la mémoire, comme si la ré-présentation était impossible… et pourtant, dans ce cadre rectangulaire inexistant ou abstrait ou virtuel, scintillent comme des appels d’air, des appels à l’écriture…

2

     L’objet absent, ce rectangle… rectangle blanc de la tablette où s’inscrit le noir de l’écriture… mes velléités d’écriture s’inscrivent en négatif dans le cadre rectangulaire d’un objet réel, une tablette numérique, qui me renvoie le souvenir des ardoises disparues de mon enfance, dont le fond noir recevait les signes blancs que je traçais à la craie…

3

     Le printemps qui revient n’est jamais le même, l’enfance révolue a disparu, les jours anciens ne reviendront pas… mon temps, le temps humain, n’est pas cyclique… sur mon ardoise imaginaire, je vois une flèche blanche… curseur du temps… comme au cinéma, j’aperçois déjà le clap de FIN…

4

     Les lignes de l’écriture s’enroulent et se déroulent, s’effacent ou se gravent à l’encre virtuelle sur l’écran blanc de la tablette… tentent de se faufiler entre les fils emmêlés des lourds écheveaux de souvenirs… fragments de mémoire agglutinés dans l’épaisseur du temps… où l’étoupe étouffe les mots avant qu’ils ne parviennent à se former à la surface…

5

     De tous les objets anciens que j’ai tenus entre les mains, il ne me reste donc que cette matrice… la forme idéale d’un rectangle, mère des réminiscences venues du plus lointain de mon passé… forme de mes cahiers d’écolière et de mon premier livre de lecture, des premières cartes à jouer, des premières images… forme de la toile cirée qui recouvrait la table familiale… je savais qu’elle était superposée aux plus anciennes et que leur épaisseur retenait dans ses strates la mémoire de notre histoire… plus tard, sous l’effet d’un élargissement sidérant du monde qui s’ouvrait à moi mais que je ne pouvais plus contenir dans l’espace restreint de mes mains écartées, forme de l’écran des trois cinémas de la ville où mes parents m’emmenaient parfois voir des films qui n’étaient pas de mon âge…

6

     Comme au cinéma, ma tablette, cette ardoise magique, laisse apparaître ou disparaître les mots, les sons et les images… sur l’écran scintillant, je vois ou j’imagine le présent absent et le passé présent… le temps recomposé… ma vie décomposée…

7

     Le monde se recréait à la pointe des plumes Sergent-Major crissant sur le papier mat des cahiers de brouillon, ou glissant sur le papier brillant des beaux cahiers du jour qui recevaient nos chefs-d’œuvre… le monde continue de s’écrire à la pointe extrême de l’instant, sous la pression de nos doigts qui tapotent désormais les touches virtuelles de claviers représentés par une image…

8

     Imaginer chaque impact de nos stylos sur le papier, chaque point de contact de nos doigts sur les claviers, impulsant un rayonnement électrique qui serait à l’origine d’une formation étoilée, très loin, par-delà les galaxies visibles… penser aux pans de vie engloutis dans les trous noirs de la mémoire… entre les espaces blancs de l’écriture tournoient des univers perdus…

9

     Plages, pages d’écriture… le cadre reste rectangulaire, mais, aujourd’hui, il n’existe plus de limite au bas de la page… le bord n’est qu’apparent… l’écriture s’enfonce à l’infini vers les abysses… si le fond de la piscine n’est jamais atteint, il est toutefois possible, en cliquant sur la barre qui balise l’espace vertical illimité de la page, de remonter vers les hauteurs…

10

     Penchée sur la page  toujours neuve, je passe le plus clair de mon temps à en scruter la surface, guettant les surgissements imprévisibles des lettres… la page est comme le lac dans lequel, enfant, j’ai failli me noyer… sa substance est trompeuse, l’appui n’est pas solide…

11

     La page est un étrange objet… l’étrangeté de la page est démultipliée par la tablette numérique… légère, elle ne pèse pas dans le creux de mon corps qui l’accueille… et il est rassurant d’appuyer les doigts au repos sur les bords de son cadre… aussi plate que les ardoises de mon enfance, son format l’apparente aux fins cahiers qui ont reçu mes premiers essais d’écriture…

12

     Pouvoir de l’encre sur la page blanche, quand je voyais mes premières phrases avancer sur la page comme des vagues, avec le sentiment quasi religieux d’assister à la création du monde… pouvoir démultiplié de la tablette qui ajoute à l’écriture  les couleurs et les formes des images, leurs mouvements, la musique des sons et des voix…

13

     La page promettait déjà l’universel et l’éternel… elle attirait vers elle en les transformant en lignes d’écriture  les ficelles des marionnettes ligotées à l’intérieur de nous, et propulsait nos véritables personnes à la lumière…

14

     Les lignes d’écriture se continuent aujourd’hui du même geste, augmenté des pouvoirs de la tablette… les pages virtuelles se déroulent comme un papyrus ou de vieux parchemins dans le cadre rectangulaire de l’écran numérique… le haut et le bas qui autrefois se touchaient dans le rouleau refermé se rejoignent aujourd’hui d’un seul clic sur une commande de permutation qui permet le retour instantané vers le premier ou le dernier mot, l’alpha ou l’oméga… la page virtuelle est un esquif dans l’océan du web… elle est portée par des vagues de liens connectés à l’immense du monde… sa surface est agitée par la houle de ces mêmes liens qu’elle porte autant qu’ils la portent… ma tablette interconnectée fait de moi un être de réseau… dans l’eau glissante que ses bords encadrent…

Arisaig Row Boat

Avatar de Scott K MarshallScott K Marshall Photography (@skm1963)

I am very proud of this shot which I took back in 2011, compositionally I took 4  subtly different shots of this boat and selected this shot (no cropping. I had the opportunity to take some shots in to the camera club and receive some critique from fellow members - all were complimentary on the composition and light but one person suggested the sky lacked sufficient contrast to compete with the lovely reflection. Well that was me off in to the archives to pull the RAW file and here we are. Now I think this pops whereas previously it was a nice shot - it is now on sale and getting growing interest - have a lovely week chaps.

I am very proud of this shot which I took back in 2011, compositionally I took 4 subtly different shots of this boat and then selected this shot (no cropping). Recently I had the opportunity to take some shots in to the camera club and receive some critique from fellow members – all were complimentary on the composition and light but one person suggested the sky lacked sufficient contrast to compete with the lovely reflection. Well that was me off in to the archives to pull the RAW file and here we are. Now I think this pops whereas previously it was a nice shot – it is now on sale and getting growing interest – have a lovely week chaps.

Voir l’article original