François Hollande

De quoi noircir des milliers de pages web!

     Les Autorités françaises donnaient des conseils condescendants à leurs homologues belges en se targuant du haut degré de leur savoir-faire et de leur vigilance, mais, poussés par l’opinion, les médias s’étaient mis à ressortir toutes les affaires inquiétantes classées sans suite ou mises sous le coude émaillant l’histoire de l’industrie nucléaire en France… De quoi noircir des milliers de pages web! Le couvercle de l’Omerta se soulevait enfin, et le fumet qui s’échappait de la marmite était pestilentiel. La colère grandissait au fur et à mesure des révélations. On découvrait subitement les risques insensés que les plus hautes autorités de l’Etat n’avaient pas hésité à faire courir aux populations depuis la construction des premières centrales nucléaires. Tous les partis qui s’étaient succédé au pouvoir avaient prêté main forte à cette espèce de conspiration contre le bon sens commun. Même le parti des Verts s’était disqualifié par sa collaboration avec le pouvoir hollandien: le pacte signé avec le parti socialiste pour favoriser l’élection de François Hollande en 2012 et permettre à Cécile Duflot d’entrer au gouvernement avait malheureusement privé le pays de tout débat public de grande envergure sur le nucléaire, puisque les apparatchiks Verts avaient contraint leur candidate Eva Joly à limiter sa campagne à la dénonciation des dérapages de la finance, sujet dont elle était une spécialiste, mais pour lequel elle n’avait pas reçu de mandat prioritaire de la part des électeurs qui l’avaient choisie à l’issue de la primaire écologiste…

     Ecrit depuis l’avenir

     2064

 

Dramaturgie

     Comment étouffer les éclairs de lucidité qui traversaient les consciences? La dramaturgie de la peur avait fait ses preuves et le gouvernement ne manqua pas d’en abuser. La peur du nucléaire était justifiée, pas son détournement au profit de la manipulation fasciste des esprits. Le pouvoir hollandien * qui n’avait plus rien de socialiste depuis belle lurette opéra un ultime retournement-reniement qui conduisit Marine Le Pen aux portes de l’Elysée. Celui qui l’avait d’une certaine façon dédiabolisée ou dédouanée en osant la mettre sur le même plan que  Georges Marchais et le parti communiste des années 1970 lui ouvrit un boulevard en accréditant ses thèmes et ses méthodes dans tous les domaines autres que l’économique (Francois Hollande * continuait de camper sur des positions néo-libérales TINA, there is no alternative…).

     * Voir l’Avertissement en préambule à ce récit.

     Ecrit depuis l’avenir

     2064

Avertissement

Ecrit depuis l’avenir  

     J’ai commencé ce récit il y a environ un an. L’actualité s’est accélérée. François Hollande est hors course, Hillary Clinton n’a pas été élue, Angela Merkel exercera peut-être un quatrième mandat de chancelière. Faut-il que je corrige mes postulats de base? Je ne cherche pas à deviner l’avenir en écrivant un récit d’anticipation qui devrait coller au plus près du futur proche. Je ne prétends pas non plus avoir raison sur le long terme. Je préférerais, bien au contraire, que les craintes que je partage avec beaucoup d’autres ne soient pas fondées et que notre avenir en commun soit radieux. Et je serais heureuse que le candidat du Front de Gauche soit choisi au second tour de l’élection présidentielle française, car je pense que la nouvelle politique écologique et sociale mise en œuvre ferait reculer les menaces qui pèsent sur nous. Ces menaces sont lourdes et structurelles. Elles ne disparaîtront pas d’un coup de baguette magique. Nous pouvons continuer à les nier ou à minimiser leur importance, mais nous pouvons aussi faire un pas décisif pour sortir des pièges dans lesquels nous nous sommes laissé enfermer. Le temps presse, nous en avons déjà collectivement perdu beaucoup. Mon récit commence vers 2064, après une gigantesque catastrophe qui signe probablement la fin de l’humanité. J’ai choisi cette date pour qu’elle fasse écho à 1984 d’Orwell. Je suis frappée par la façon dont le novlangue qu’il a imaginé fonctionne aujourd’hui dans nos sociétés, en nous manipulant pour nous détourner des enjeux importants. La narratrice de ce récit, Elsa, est née en 2016, comme le personnage mystérieux de Martin, venu d’un territoire que personne ne réussit à localiser, dont elle essaie de percer le secret. Cette double distance, géographique et temporelle, me donne le recul nécessaire pour faire une sorte d’état des lieux des principaux problèmes actuels qui secouent le monde, et qui auront un impact direct sur la vie des générations qui nous suivent. Dans ce récit, c’est Hillary Clinton qui conduit la politique américaine et les affaires du monde, et François Hollande gouverne la France jusqu’en 2022, date à laquelle lui succède Marine Le Pen; Angela Merkel, quant à elle, quitte le pouvoir à la fin de l’année 2017. Je pense que cet écart avec l’Histoire en train de se faire, qui renforce le pouvoir fictionnel de mon récit, ne rend pas pour autant caduque la réflexion de fond.

Vieux monde

    

(fiction en cours d’écriture)

     Après les années de crise qui avaient suivi le krach financier de 2008, François Hollande avait pensé qu’il  suffisait d’attendre que la croissance revienne. Mais elle ne revenait pas, elle ne pouvait pas revenir comme dans les années fastes du vingtième siècle. Le vieux monde était fini, le nouveau tardait à émerger en raison de tous les freins mis en oeuvre par les tenants du modèle ancien. François Hollande était de ceux-là, au grand dam de ses alliés écologistes, même s’il avait organisé à Paris en décembre 2015, juste après les attentats de novembre, une grande conférence internationale sur le climat, qui avait réuni 195 pays. L’affichage était grandiose, les politiques étaient passés maîtres dans l’art de la com’! Les opinions publiques étaient priées de retenir que le réchauffement ne dépasserait pas 1,5°, seuil au-delà duquel les peuples les plus exposés de la planète ne pourraient pas survivre et alimenteraient de plus belle les cohortes de réfugiés climatiques. Mais ce volontarisme apparent cachait mal les réticences des pays les plus puissants à accepter leur part de responsabilité et à financer la mise en oeuvre des mesures qui auraient pu encore à cette époque enrayer vraiment l’emballement du dérèglement climatique.

     Ecrit depuis l’avenir

     2064

Le changement?

    

      Las… Elu sur un programme de gauche, le président François Hollande avait immédiatement endossé les habits de la droite libérale. Sa promesse d’inverser la courbe du chômage, fléau moderne que tant de gens redoutaient, avait été prise en défaut avec autant de régularité que sa constance à la renouveler en dépit de tous les signaux alarmants qui montraient qu’il n’avait pas pris le bon chemin pour la tenir. Quand, pour séduire l’électorat de la gauche dite extrême ou radicale, il avait pris pour cible la finance dans son discours du Bourget de janvier 2012, ses propos avaient été perçus comme une déclaration d’hostilité envers les prédateurs à l’origine de la crise financière mondiale de 2008, et le signe que le candidat socialiste prenait au sérieux les problèmes et la souffrance des petites gens, appelés jadis par un ministre de droite « la France d’en bas ». Profondément déçus par Nicolas Sarkozy,  les Français avaient élu François Hollande en mai 2012 parce qu’il avait promis le « changement », mais celui-ci ne vint jamais, ni sur le front de l’emploi, ni sur les autres sujets que les populations les moins favorisées considéraient comme primordiaux. Les banlieues dites difficiles continuaient de se vivre comme des territoires perdus de la République (le chômage y battait des records!), les campagnes se désertifiaient de plus en plus et les ruraux, qui ne bénéficiaient plus d’un accès direct aux services autrefois de proximité – il leur fallait parcourir de nombreux kilomètres pour se rendre chez un médecin ou dans un bureau de poste – se sentaient abandonnés. En renouvelant le mandat de François Hollande en mai 2017, les électeurs ne lui avaient pas renouvelé leur confiance, ils avaient seulement choisi d’éviter le pire en empêchant le Front national, arrivé en tête au premier tour avec 32% des voix, d’accéder au pouvoir suprême. Le barrage républicain avait tenu, il cèderait cinq ans plus tard, le sursis accordé n’avait pas été mis à profit pour redresser les erreurs passées de professionnels de la politique qui ne se sentaient jamais tenus de respecter leurs promesses…

     2065

     Ecrit depuis l’avenir

L’irrésistible ascension…

   

     Le président de la République française Nicolas Sarkozy, parvenu au pouvoir en 2007, avait bâti sa campagne électorale sur les thèmes de la sécurité intérieure et de l’identité. Tout son quinquennat avait été marqué (entaché) par une politique droitière qui flirtait avec les thèses nationalistes de l’extrême droite. L’irrésistible ascension de Marine Le Pen, qui avait succédé à son père Jean-Marie à la tête du Front National, datait de cette époque. Mais, paradoxalement, c’est pendant les deux quinquennats suivants du socialiste (?) François Hollande, de 2012 à *2022, que la popularité de celle-ci s’était envolée. Au premier tour de l’élection présidentielle de 2012, avec 18% des voix, le Front National réalisait déjà un score historique, mais le parti socialiste, qui venait de gagner les élections sénatoriales et présidentielle, détenait tous les pouvoirs. L’heure était à l’optimisme, la progression du FN aurait pu s’arrêter là, et le nom de la famille Le Pen serait resté cantonné à la périphérie de l’Histoire.

     (*Il est peu vraisemblable que François Hollande soit présent au second tour de l’élection présidentielle de 2017, ce récit est pure fiction… )

     2065

     Ecrit depuis l’avenir

L’axe du Mal

(fiction en cours d’écriture)

    Les politiciens avaient pris l’habitude de stigmatiser le populisme sans chercher à comprendre les raisons profondes de ce vote, alors que le président François Hollande, en 2015, sur une chaîne télévisuelle de grande écoute, avait lui-même, d’une certaine façon, légitimé le Front national en le comparant au parti communiste français des années 1970, dont les thèses souverainistes – acheter Français – étaient déjà destinées à protéger les emplois menacés de l’époque et à endiguer la maladie endémique du chômage dont les ravages ne faisaient, hélas, que commencer. Car l’axe du Mal, chez les pays riches, était plutôt celui-là, la mise à l’écart d’une partie importante de la population qui n’avait plus accès au marché du travail. Les mesures sociales amortissaient certes les chocs provoqués dans les vies individuelles par l’absence de travail et de ressources pour vivre, mais le manque de perspectives d’avenir – no future – avait fini par gangrener durablement l’ensemble de la société dans ce que l’on avait appelé, vers la fin du vingtième siècle, la cohésion sociale, quand l’idée de contrat social était sans doute apparue désuète aux yeux des économistes modernes, à moins que ce ne fût, par sa référence directe au siècle des Lumières, trop révolutionnaire (?!) …

     Drôle d’Histoire

     2055

Le Roi de la République

Au lendemain de la défaite électorale sans précédent du parti socialiste aux municipales de mars 2014, le président de la République Francois Hollande, tel le général De Gaulle à Alger, avait affirmé qu’il comprenait les Français et que, pour leur faire plaisir, il avait décidé de remplacer, au poste de premier ministre, son ami Jean-Marc Ayrault par un adversaire qui était son presque-ennemi, Manuel Valls.

Les représentants du peuple de droite paraissaient assez satisfaits, tandis que l’ensemble du peuple de gauche suffoquait d’indignation. Comment? Celui qui chassait les Roms et poursuivait de sa cruauté les pestiférés, celui qui avait été classé dernier de la classe socialiste par les électeurs de la primaire à l’élection présidentielle, cet homme-là était choisi pour conduire le redressement politique de la France?

Ou bien François Hollande n’avait vraiment rien compris et son affligeante surdité aurait dû lui valoir un arrêt de travail, ou bien il se moquait complètement du monde sans craindre de faire preuve de sadisme envers tous ceux à qui il avait promis le changement, ou de masochisme envers lui-même puisque sa côté de popularité, proche de zéro, risquait de descendre sous le niveau de la mer…

Or, François Hollande n’était pas réellement sourd, quoique… Il n’éprouvait pas non plus assez de haine envers autrui comme envers lui-même pour être à ce point sado ou maso… Il y avait une autre explication, plus historique ou plus philosophique, qui faisait de François Hollande un descendant du Prince de Machiavel et un contempteur des Lumières… Si François Hollande aimait bien les gens, braves électeurs, braves électrices qui lui faisaient la bise sur les marchés, notamment à Tulle, il détestait le Peuple, cette entité collective qu’il n’était pas loin d’assimiler à une bête féroce.

Dans une petite séquence de télévision intimiste destinée à cerner la personnalité du candidat et diffusée peu de temps avant l’élection présidentielle de mai 2012, il avait confié à son intervieweur que le Peuple était ingrat, qu’il pouvait être dangereux, impulsif, trop passionné et passionnel, bref, qu’il n’était pas rationnel.

Comment, dans ces conditions, lui faire confiance, se laisser guider par ses desiderata, croire qu’il était possible de bâtir avec Lui un véritable Contrat social? Parlez, braves gens (comme dit la chanson, paroles, paroles!), moi, président, je ferai semblant de vous écouter, je vous flatterai du verbe et parfois même, sur les places, de la main et de la bise, mais je n’en penserai pas moins et je n’en ferai qu’à ma tête.

Car MOI, je sais. MOI PRÉSIDENT, je saurai (contrairement à vous, peuple ignorant et inculte, mais ça je le dis in petto car devant vous je me montre patelin), je saurai qu’il faut obéir aux banquiers de Goldmann Sachs, à Mario Draghi, à tous les financiers du monde entier, aux marchands, aux puissants, aux rentiers, aux spéculateurs et aux voleurs.

Car MOI, ancien bébé Delors, je ne vois pas du tout que l’Europe des marchés est devenue un grand bazar dans lequel le vote démocratique est un obstacle gênant pour la bonne (!) marche des affaires, et une jungle pour les citoyen-ne-s  privé-e-s de ressources pour vivre. Croyez-moi, votez pour moi, et tout ira bien dans le meilleur des mondes possibles! N’est-il pas vrai?

 Les Français élisent en guise de président un roi qui, le temps de son mandat, a tous les pouvoirs. Il ne rend de véritable compte à personne. Il est libre de se laisser conseiller par qui lui semble bon et de décider tout seul ce qu’il veut. Il serait temps que le Peuple des Lumières reprenne la main en modifiant la Constitution. N’est-il pas vrai?