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Les nouveaux murs

Nous étions si fragiles…

    La liste des nouveaux murs était longue. Certains étaient devenus quasi institutionnels, comme celui que les Etats-Unis avaient élevé à la frontière du Mexique pour empêcher l’immigration économique, ou celui que l’Etat d’Israël avait dressé pour isoler Gaza en enfermant les Palestiniens dans une sorte de ghetto. D’autres, plus aléatoires, étaient apparus en Europe au cours de l’année 2015, pour faire barrage aux réfugiés qui avaient commencé de fuir les guerres en confiant leur vie et leurs espoirs à des rafiots qui ne réussissaient pas tous à traverser la Méditerranée… Prise en tenaille entre ses accords de libre circulation et la volonté de la plupart des pays membres de repousser les immigrants, l’Europe tanguait entre la tolérance sur son territoire de quelques murs érigés par les pays les plus isolationnistes tels que la Hongrie, et la tentation de construire des remparts à ses frontières avancées, en déléguant à l’Italie et à la Grèce son pouvoir de fermer les portes de la forteresse. Pire, l’Europe s’était abaissée à financer la Turquie pour que celle-ci fasse le sale boulot à sa place, comme autrefois elle avait fermé les yeux sur les exactions du dictateur Kadhafi pour qu’il la protège de l’immigration sahélienne. Seule contre tous ou presque, la chancelière allemande Angela Merkel, qui avait passé la première moitié de sa vie derrière le rideau de fer, avait tenu bon la barre jusqu’en 2016, en refusant de mettre un terme à sa politique d’accueil. Mais la montée de la xénophobie eut raison d’elle. Contestée dans son propre camp, elle ne sollicita pas de nouveau mandat après douze années d’exercice du pouvoir qui avaient laissé d’elle, même aux yeux de ses adversaires, l’image d’une femme politique honnête et modeste, incapable de trahir ses convictions les plus profondes…

La toxicité diabolique du plutonium

 
le pire est non tant l’aveuglement sans connaissance que l’aveuglement dans la connaissance

Un système devenu fou !

     Le documentaire se termine, je n’ai rien appris, j’ai fait le tour du sujet depuis si longtemps. Je regarde cette émission pour me rendre compte si les mentalités ont changé, changent… si le regard posé sur l’électricité nucléaire devient plus lucide, se libère de la chape de plomb du secret dont elle a toujours été entourée. Surprise : pour une fois, il n’est pas question des centrales elles-mêmes et des catastrophes produites par leur dysfonctionnement comme à Tchernobyl ou à Fukushima. Car, le plus souvent, les émissions sur le nucléaire effleurent le sujet, s’en tiennent à la surface, traitent le problème comme un avatar des risques habituels de l’industrie lourde. Pour une fois, nous sommes au coeur du sujet, pas seulement au coeur de la centrale. Et le coeur du sujet, l’énorme problème du nucléaire, le monstre dont les centrales accouchent, ce sont les déchets radioactifs, dont la capacité de nuisance, c’est-à-dire le pouvoir de mettre un terme à la vie, dure des milliers, des dizaines ou des centaines de milliers, voire des millions d’années ! Comment l’esprit humain a-t-il pu envisager de faire proliférer un tel monstre ? C’est pourtant ce que la France a entrepris de faire depuis plus de cinquante ans avec aujourd’hui 58 réacteurs qui produisent notamment du plutonium, le plus dangereux des produits radioactifs, pour lequel a été construite l’usine de retraitement de La Hague. Le retraitement – joli mot qui pourrait laisser penser que les déchets redeviennent propres – consiste en réalité à isoler le plutonium des autres entités radioactives pour le réutiliser comme combustible. Toutes ces manipulations de substances radioactives sont éminemment dangereuses. Et les déchets résiduels sont conditionnés dans des récipients pas toujours étanches qui sont entreposés sur des zones de stockage provisoires, en attendant la validation de projets d’enfouissement qui, pour toute solution, proposent de cacher la poussière sous le tapis!… La France, ce beau pays, est à la pointe de cette formidable industrie dont l’ultime étape est la radiation de la vie ! Aux dernières nouvelles, aucun responsable politique aux commandes de l’Etat ou susceptible de le devenir n’envisage de sortir de cette folie.