justice

Gestion calamiteuse du nucléaire

(fiction en cours d’écriture)

     Comme d’habitude, le pouvoir avait cherché à manipuler l’opinion et à lui cacher les aspects de la réalité gênants pour lui, tels que les carences pourtant manifestes des services de renseignement qui auraient dû prévoir et déjouer ce type d’attentat (l’augmentation du budget de la sécurité engagée en 2016 avait surtout profité aux policiers, les moyens alloués à la justice comme à la prévention avaient stagné…). Le lobby nucléaire, qui avait si bien réussi en France à neutraliser les tentatives d’instauration d’un débat national sur la nécessité de sortir du piège mortifère de la production d’électricité par la fission de l’atome, était aux abois. Areva, le soi-disant fleuron de l’industrie nucléaire française, venait de faire faillite, et la société distributrice d’électricité EDF (devenue ENEDIS) essayait de recoller les morceaux en courant à son tour dans le mur, le crash, à plus ou moins long terme, était prévisible. Comme l’État et le lobby nucléaire ne faisaient qu’un, l’argent des contribuables pouvait être facilement ponctionné pour renflouer les caisses! Hélas pour le pouvoir, les citoyens contribuables étaient aussi des électeurs souverains capables de le sanctionner. Or, la gestion calamiteuse du nucléaire commençait à apparaître au grand jour. L’opinion publique risquait de s’emparer des questions liées à l’attentat pour les relier à celle, plus vaste, du choix de société auquel elle avait consenti par omission depuis si longtemps, faute d’informations et de débat, depuis la construction des premiers réacteurs civils en 1976…

     Ecrit depuis l’avenir

     2064

L’impuissance des peuples

     Voilà, c’est exactement cela, je suis désespérée, je ne vois pas d’issue. Nous sommes pris au piège d’une machination qui nous dépasse, qui dépasse le pauvre entendement humain réduit à déplorer, à regretter de n’avoir pas pu comprendre, anticiper, éviter! Moi, pauvre individu parmi les autres, ballotée, hébétée, souffrante, stupide, acculée dans une impasse… N’étions-nous pas pourtant les plus nombreux, l’immense majorité des populations de la Terre à souhaiter le bonheur, à être du côté de la paix, de l’amour et de la vie? Pourquoi les démocraties, censées représenter la volonté du plus grand nombre, n’ont-elles pas réussi à nous protéger? Pourquoi cette impuissance des peuples, depuis la nuit des temps, à obtenir durablement la prospérité dans le souci de la justice, garante du bien commun? Il ne reste plus logiquement qu’à souhaiter la mort, rapide s’il vous plaît. Et, pour éviter une trop lente agonie, à préparer notre suicide. Quelle importance, puisque le destin commun est de mourir? Quelle importance, puisque de toute façon, petites fourmis qui vivons au ras de la terre, nous étions promis depuis toute éternité à l’écrasement? Martin a rejoint notre humanité au moment où celle-ci allait périr… Triste fin de l’Histoire, que personne n’imaginait ainsi.

     Drôle d’Histoire

     2055

L’étranger

Brume
l’esprit les yeux
brume
lourd matelas d’impuissance
mur mou de mots impossibles à dire
cris étouffés de rage inutile
coeurs lacérés devant les barbelés
poings fermés
nom de Zeus
dans l’épaisse viscosité de l’air ambiant
faire éclater l’orage
souhaiter la colère et la justice divines