prospérité

L’Atlantide

Nous étions si fragiles…

    L’Atlantide avait été mentionnée pour la première fois par Platon dans les deux dialogues d’une trilogie inachevée, le Timée et le Critias, dont l’objet était de réfléchir sur l’origine du monde et sur la place de l’humanité dans l’univers. La pensée grecque était hantée par l’idée de déterminer la juste place de l’Homme dans le Cosmos! Les Atlantes auraient connu un âge d’or brutalement interrompu à l’issue d’une guerre qu’ils auraient perdue contre les Athéniens, plus de dix mille ans avant notre ère. Descendants de Poséidon, ils auraient vécu pendant plusieurs générations dans la prospérité jusqu’à ce qu’ils finissent par oublier leur origine divine et par abandonner les principes d’ordre et d’harmonie, de modération et de tempérance, qui régissaient jusqu’alors leurs relations entre eux et avec les autres en toutes circonstances, sans jamais se laisser enivrer par les délices de l’opulence ni vouloir accumuler les richesses, ou étendre indéfiniment leur puissance. Les dieux auraient décidé de les punir pour qu’ils retrouvent plus de sagesse. Le récit fait par Critias à Socrate s’inspirait d’une conversation que Solon avait eue avec un prêtre égyptien de la ville de Saïs, située dans le delta du Nil, dont la déesse protectrice Neïth n’était autre qu’Athéna. Interrogé par le grand législateur grec sur l’histoire des temps anciens, le prêtre lui révèle que les archives égyptiennes possèdent des documents qui remontent à plusieurs milliers d’années. Or, les contemporains de Solon ne connaissaient que l’époque évoquée par les poèmes d’Hésiode et d’Homère, quatre cents ans auparavant. Cette accumulation de documents aurait été possible, selon le prêtre, parce que le Nil, depuis la nuit des temps, protège l’Egypte des grands cataclysmes qui détruisent les autres civilisations. Les survivants, préoccupés avant tout de subvenir à leurs besoins vitaux, n’en transmettent plus la mémoire. C’est pourquoi les Athéniens ignoreraient tout du glorieux passé de leur cité et de la guerre qui l’avait opposée aux Atlantes, quand ceux-ci avaient voulu s’en emparer pour assurer leur domination en Méditerranée, avant que leur île ne sombre dans les tourbillons de l’océan et n’emporte avec elle l’armée grecque victorieuse…

Le nouvel empereur

Nous étions si fragiles…

    En 2037, bien loin d’avoir restauré la paix sociale et la prospérité économique, Emmanuel Macron avait échoué dans tous les domaines. Aucun des objectifs affichés pendant la campagne électorale de 2032 n’avait été atteint. Son ambition européenne avait été un fiasco, la dette publique, que tous les gouvernements avaient utilisée depuis un demi-siècle pour justifier leurs politiques de casse sociale, restait hors de contrôle en oscillant à plus ou moins 200% du Produit Intérieur Brut (PIB), le chômage continuait de désespérer les familles, les infrastructures ne cessaient de se détériorer faute d’entretien, le pays s’enfonçait dans les abysses de l’austérité, et les libertés n’avaient pas été restaurées… Les premières mesures qu’il avait prises en faveur des plus riches avaient donné la tonalité de son quinquennat, tout pour les premiers de cordée, rien pour la piétaille. Ses thuriféraires et relais dans l’opinion interdisaient toute critique en avançant d’emblée que les conséquences de la grande crise de 2029 ne toléraient aucune autre politique… les grognards devaient donc accepter avec enthousiasme de se sacrifier pour le salut de la France! Hélas, le nouvel empereur n’avait pas le charisme de son mentor et, au lieu de galvaniser les foules, il ne cessait de les humilier en insultant à tout propos la moitié de la population qui vivait en dessous du revenu médian.

Le vrai visage des États-Unis

Nous étions si fragiles…

    L’état d’urgence sanitaire ne fut déclaré par le gouverneur que le 8 janvier 2016. Quelques jours plus tard, quand le président Obama déclara Flint en état d’urgence fédérale pour accélérer la distribution de filtres et de bouteilles d’eau minérale à la population, le scandale prit une ampleur nationale. Le monde entier découvrait les dessous de la prospérité américaine, par ailleurs déclinante… Pour le metteur en scène Michael Moore, natif de Flint, ce n’était pas « juste une crise de l’eau, mais une crise raciale, une crise de la pauvreté… un tel scandale ne serait jamais arrivé dans une ville aisée et blanche du Michigan!… » La gestion désastreuse de cette crise sanitaire, déclenchée qui plus est par la décision funeste des administrateurs de la ville de faire des économies dans un domaine crucial pour la santé de la population, était en effet révélatrice de la façon dont les citoyens les plus pauvres étaient traités de façon générale aux Etats-Unis…

Destin collectif

Nous étions si fragiles…

    Mon arrière grand-mère Marie-Thérèse, la mère de France, née après la première guerre mondiale, aurait eu cent ans le 13 septembre de cette année-là. Elle avait connu la généralisation de l’électricité dans les foyers, l’arrivée du gaz et de l’eau courante, assisté au développement du cinéma et de la radio, à l’essor fulgurant de la téléphonie, de l’aéronautique et de l’automobile (même si elle-même n’avait jamais eu le téléphone chez elle ni voyagé en avion ou conduit de voiture), et elle avait pu également suivre à la télévision les premiers pas d’Amstrong sur la lune. Mais, morte en 1974, elle n’avait pas eu la moindre idée des nouvelles technologies, du Minitel français, de la micro-informatique et de l’Internet, et, quoique contemporaine du largage de bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, elle ignorait tout des centrales nucléaires civiles productrices d’électricité et ne savait pas que le territoire français allait se couvrir de réacteurs. A son décès, le monde allait mieux. Les guerres coloniales et la guerre froide s’éloignaient, la prospérité de l’Europe consolidait une paix qui semblait s’installer durablement, les lois sociales de l’après-guerre avaient amélioré les conditions de vie des populations laborieuses, les progrès accomplis dans la fabrication d’objets utiles à la vie de tous les jours devenaient accessibles à tous, and last but not the least, les femmes étaient devenues dans la loi les égales des hommes. Certes, la vie personnelle des gens continuerait de connaître des hauts et des bas, mais le destin collectif était prometteur, et la mère de France avait eu le sentiment, en quittant le monde, que celui-ci accueillerait sa descendance comme jamais auparavant l’humanité n’avait pu y vivre, à l’abri des pires fléaux…

(1945… 2064) 🔚

Nous étions si fragiles…

    France appartenait à cette génération bénie par les dieux, née après la Seconde guerre mondiale, qui avait profité de la paix et de la prospérité retrouvées en Europe. Puis la chute du mur de Berlin, en 1989, avait mis un terme à la guerre froide entre l’Union soviétique et l’Occident, faisant croire à certains que la fin de l’Histoire était advenue. Cette période, hélas, n’aura été qu’une parenthèse entre les massacres de masse du vingtième siècle et l’extinction finale de l’espèce humaine cent ans plus tard…

L’impuissance des peuples

Nous étions si fragiles…

     Voilà, c’est exactement cela, je suis désespérée, je ne vois pas d’issue. Nous sommes pris au piège d’une machination qui nous dépasse, qui dépasse le pauvre entendement humain réduit à déplorer, à regretter de n’avoir pas pu comprendre, anticiper, éviter! Moi, pauvre individu parmi les autres, ballotée, hébétée, souffrante, stupide, acculée dans une impasse… N’étions-nous pas pourtant les plus nombreux, l’immense majorité des populations de la Terre à souhaiter le bonheur, à être du côté de la paix, de l’amour et de la vie? Pourquoi les démocraties, censées représenter la volonté du plus grand nombre, n’ont-elles pas réussi à nous protéger? Pourquoi cette impuissance des peuples, depuis la nuit des temps, à obtenir durablement la prospérité dans le souci de la justice, garante du bien commun? Il ne reste plus logiquement qu’à souhaiter la mort, rapide s’il vous plaît. Et, pour éviter une trop lente agonie, à préparer notre suicide. Quelle importance, puisque le destin commun est de mourir? Quelle importance, puisque de toute façon, petites fourmis qui vivons au ras de la terre, nous étions promis depuis toute éternité à l’écrasement?

Le manuscrit

Atelier d’hiver de François Bon

Mes contributions

     Selon la rumeur, la maison était vide et peuplée de fantômes. En attestaient les sons étranges perçus par les passants qui en longeaient les murs. Les plus audacieux essayaient d’identifier les bruits en collant une oreille à la porte ou scrutaient les interstices des volets dans l’espoir de découvrir un signe de présence… Avant-guerre, les propriétaires donnaient de grandes fêtes dont se souvenaient quelques vieillards, mais on ne les avait plus jamais revus…

     Selon la rumeur, les anciens habitants avaient disparu sans laisser de traces excepté quelques pierres empilées dans ce qui avait dû être un jardin ; elles formaient une sorte de sculpture autour de laquelle on se rassemblait pour invoquer l’esprit des lieux…

     Selon la rumeur, le monde avait connu mille ans de grande prospérité avant d’être anéanti par les dieux. Quelques vieillards évoquaient cet Eden comme s’ils l’avaient eux-mêmes connu, mais sans doute ne faisaient-ils que transmettre des récits qu’ils avaient entendus ou lus…

     Selon la rumeur, le cataclysme n’avait laissé derrière lui qu’un empilement de pierres en forme de totem, au pied duquel avait été retrouvé un manuscrit dont la première et la dernière page avaient été malheureusement arrachées. Il y était question d’un Procès. En l’étudiant, les sages espéraient découvrir les clés de l’Univers et comprendre l’origine de leur malheur…

Les dessous de la prospérité

Page sombre

(Récit en cours d’écriture)

     L’état d’urgence sanitaire ne fut déclaré par le gouverneur que le 8 janvier 2016. Quelques jours plus tard, quand le président Obama déclara Flint en état d’urgence fédérale pour accélérer la distribution de filtres et de bouteilles d’eau minérale à la population, le scandale prit une ampleur nationale. Le monde entier découvrait les dessous de la prospérité américaine, par ailleurs déclinante… Pour le metteur en scène Michael Moore, natif de Flint, ce n’était pas « juste une crise de l’eau, mais une crise raciale, une crise de la pauvreté… un tel scandale ne serait jamais arrivé dans une ville aisée et blanche du Michigan!… »

     Le piano de Louis 

     2064

Bénie par les dieux

    

      France appartenait à cette génération bénie par les dieux, née après la Seconde guerre mondiale, qui avait profité de la paix et de la prospérité  retrouvées en Europe. Puis la chute du mur de Berlin, en 1989, avait mis un terme à la guerre froide entre l’Union soviétique et l’Occident, faisant croire à certains que la fin de l’Histoire était advenue. Cette période, hélas, n’aura été qu’une parenthèse entre les massacres de masse du vingtième siècle et l’extinction finale de l’espèce humaine cent ans plus tard…

     Ecrit depuis l’avenir

     2064

L’impuissance des peuples

     Voilà, c’est exactement cela, je suis désespérée, je ne vois pas d’issue. Nous sommes pris au piège d’une machination qui nous dépasse, qui dépasse le pauvre entendement humain réduit à déplorer, à regretter de n’avoir pas pu comprendre, anticiper, éviter! Moi, pauvre individu parmi les autres, ballotée, hébétée, souffrante, stupide, acculée dans une impasse… N’étions-nous pas pourtant les plus nombreux, l’immense majorité des populations de la Terre à souhaiter le bonheur, à être du côté de la paix, de l’amour et de la vie? Pourquoi les démocraties, censées représenter la volonté du plus grand nombre, n’ont-elles pas réussi à nous protéger? Pourquoi cette impuissance des peuples, depuis la nuit des temps, à obtenir durablement la prospérité dans le souci de la justice, garante du bien commun? Il ne reste plus logiquement qu’à souhaiter la mort, rapide s’il vous plaît. Et, pour éviter une trop lente agonie, à préparer notre suicide. Quelle importance, puisque le destin commun est de mourir? Quelle importance, puisque de toute façon, petites fourmis qui vivons au ras de la terre, nous étions promis depuis toute éternité à l’écrasement? Martin a rejoint notre humanité au moment où celle-ci allait périr… Triste fin de l’Histoire, que personne n’imaginait ainsi.

     Drôle d’Histoire

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