bocage

Comme en temps de guerre

Nous étions si fragiles…

    Respirer, boire et manger n’allaient plus de soi! La population voulait des garanties sur la provenance des aliments, exigeait des contrôles draconiens sur la qualité de l’eau et de l’air, sur la composition des sols… Le lait et le fromage des bocages normands, les produits de l’agriculture biologique du Cotentin, qui s’était développée, paradoxalement, à côté de l’industrie nucléaire de La Hague, tout ce qui provenait du grand Ouest de la France restait tristement invendu sur les étals des Halles… Mais la méfiance et le soupçon ne s’arrêtaient pas aux limites de la Normandie! La Bretagne voisine était concernée, et, au-delà, le territoire français dans son ensemble puisque le vent qui poussait les nuages faisait circuler l’air radioactif dans toutes les directions et que la pluie déposait les particules sur n’importe quel sol! Les bulletins météo étaient attendus avec anxiété comme des communiqués d’état-major en temps de guerre… Le vent avait d’abord soufflé vers le sud de l’Angleterre et de l’Irlande, leurs populations avaient été priées de rester calfeutrées en attendant le changement d’orientation des masses d’air… De la Belgique à l’Espagne, tous les pays voisins craignaient la contamination du poison venu de France et contenaient mal la colère qui les animait… Une crise diplomatique inédite se développa contre l’Etat français, devenu en quelques jours une forteresse assiégée…