Elle n’avait pas envie de se battre. Elle aurait voulu pouvoir se nicher dans un pli de la terre ou l’anfractuosité d’une roche, et de là, de cet abri, contempler la splendeur, la magnificence de l’univers – sa face claire -, ne faire qu’un avec le sol et le ciel, en ressentir, en écouter les accords, vivre de cette harmonie et n’avoir aucun autre désir… En Ecosse, l’été d’avant, dans cet univers enveloppé de brume aux contours aussi flous que sa vie, coupée du reste du monde, elle avait connu des moments si intenses qu’elle avait pensé approcher de sa vérité… Elle avait fait quelques rencontres. Un pêcheur, un berger, une touriste américaine égarée, un routard… Le pêcheur ou le berger n’avaient pas à justifier de leur vie, leur existence avait le poids, la consistance, l’épaisseur de leur rapport à l’océan ou à la terre, sans médiation, sans intermédiaire. Les autres, le routard, l’américaine, elle-même, flottaient dans le paysage, superflus, vacants, inutiles. Ils pouvaient être là ou ailleurs, cela n’avait aucune importance, et rien ni personne ne les réclamait…
