Nous étions si fragiles…
En étudiant l’histoire de la justice environnementale, soit quatre-vingts ans de gestion de crise, des inondations du Mississippi à la marée noire causée par British Petroleum en 2010 en passant par l’ouragan Katrina en 2005, Robert D. Billard, de la Texas Southern University, avait ainsi établi que les communautés les plus pauvres mettaient toujours plus de temps à se faire entendre, et que le gouvernement tardait immanquablement à intervenir quand les populations concernées n’étaient pas blanches. Au fur et à mesure des révélations sur cette affaire, il était en effet devenu évident que la communauté concernée n’avait pas été traitée comme il se devait, que tout s’était passé comme si les personnes en charge des contrôles ne croyaient pas les habitants ou ne se préoccupaient pas de leur santé. L’administration avait reçu des plaintes au sujet de l’eau courante de Flint dès le mois d’avril 2014; si les contrôleurs du bureau de la qualité environnementale des eaux du Michigan avaient eu à consommer cette eau marronnasse qui sortait des robinets ou à la faire boire à leurs enfants, ne l’auraient-ils pas immédiatement trouvée suspecte et impropre à la consommation?…