infrastructure

Le nouvel empereur

Nous étions si fragiles…

    En 2037, bien loin d’avoir restauré la paix sociale et la prospérité économique, Emmanuel Macron avait échoué dans tous les domaines. Aucun des objectifs affichés pendant la campagne électorale de 2032 n’avait été atteint. Son ambition européenne avait été un fiasco, la dette publique, que tous les gouvernements avaient utilisée depuis un demi-siècle pour justifier leurs politiques de casse sociale, restait hors de contrôle en oscillant à plus ou moins 200% du Produit Intérieur Brut (PIB), le chômage continuait de désespérer les familles, les infrastructures ne cessaient de se détériorer faute d’entretien, le pays s’enfonçait dans les abysses de l’austérité, et les libertés n’avaient pas été restaurées… Les premières mesures qu’il avait prises en faveur des plus riches avaient donné la tonalité de son quinquennat, tout pour les premiers de cordée, rien pour la piétaille. Ses thuriféraires et relais dans l’opinion interdisaient toute critique en avançant d’emblée que les conséquences de la grande crise de 2029 ne toléraient aucune autre politique… les grognards devaient donc accepter avec enthousiasme de se sacrifier pour le salut de la France! Hélas, le nouvel empereur n’avait pas le charisme de son mentor et, au lieu de galvaniser les foules, il ne cessait de les humilier en insultant à tout propos la moitié de la population qui vivait en dessous du revenu médian.

L’injustice environnementale

Nous étions si fragiles…

    Le scandale de l’eau empoisonnée de Flint était un cas flagrant d’injustice environnementale. L’accès à un air respirable, à une eau potable ou à des aires de jeu sûres pour les enfants, était un droit que les groupes sociaux favorisés, aux Etats-Unis, tenaient pour acquis, mais pour les citoyens les plus pauvres et issus des minorités, il n’y avait pas d’accès assuré aux parcs, à l’éclairage public ou à l’eau potable, pas plus que de droit au logement! Il n’y avait pas d’impartialité pour les citoyens pauvres. Et quand les habitants de Flint s’étaient plaints de cette eau impure qui sortait de leurs robinets, on avait pensé qu’après tout, ce n’était pas grand-chose et qu’ils pouvaient bien s’en accommoder… Cette attitude conduisait à faire des quartiers où vivaient les populations défavorisées de véritables zones environnementales sacrifiées dans lesquelles étaient concentrées les installations polluantes. Comme les habitants y supportaient déjà les usines et les incinérateurs, un peu plus de pollution ne semblait sans doute pas devoir faire une grande différence aux yeux des décideurs, à la fois juges et partie puisqu’eux-mêmes habitaient dans des quartiers favorisés peuplés de familles qui n’hésitaient pas à mobiliser une armée d’avocats et d’experts à la moindre tentative d’implantation chez eux d’une infrastructure ou d’un équipement entraînant un quelconque désagrément…

Le fou et l’Apocalypse

Atelier d’écriture de François Bon

Mes contributions

     À l’Ouest, plus aucun train ne transite par Calais et l’écheveau de rails qui s’étirent inutilement derrière la gare d’Eurotunnel forme une sorte de queue de comète étrange collée à l’agglomération sans vie. Les ports retiennent les chalutiers et semblent implorer le ciel en dressant vers lui les bras de leurs grues immobiles. Les longues plages de sable fin sont désertées, on se demande s’il sera possible un jour de les décontaminer… Les villes sont abandonnées, aucun véhicule ne circule sur les routes qui ne desservent plus que des cadavres d’entreprises mortes brutalement en pleine activité… Les moules de Boulogne ne sont plus cueillies et les champs où poussait le blé, l’orge ou le houblon ne se couvrent plus de récoltes… Tous les habitants de Cassel ont fini par quitter leur cité, la mort dans l’âme, à l’exception d’un homme d’une cinquantaine d’années qui a depuis longtemps la réputation d’être fou; il passe ses journées à se promener sur les chemins de campagne en écoutant les oiseaux inconscients de la catastrophe et en observant les escargots indifférents à la fébrilité humaine, il prétend répertorier les espèces ou les variétés qui n’ont pas encore disparu du paysage… on s’approche parfois de lui en hélicoptère, il fait alors un grand salut de la main!… Des images d’Apocalypse prises pendant les survols du littoral et de l’arrière-pays sont diffusées en permanence sur les écrans du monde entier. Un grand débat divise les gens et déchaîne les passions au-delà des frontières. Faut-il sauver à tout prix les zones sinistrées?… Avant la catastrophe de Gravelines, la question se posait déjà de définir un montant de dépenses acceptable pour protéger les territoires côtiers de la montée du niveau de la mer… Le pôle économique de Dunkerque était un sujet de préoccupation majeur des plans de lutte contre les conséquences de la fonte des glaciers provoquée par le réchauffement climatique, et de la dilatation thermique des eaux qui gonflent inexorablement les océans depuis les débuts de l’Anthropocène, en les faisant déborder sur les continents. Les wateringues ont permis pendant longtemps de vivre au-dessous du niveau de la mer, mais ne suffisent plus à évacuer les flux toujours plus volumineux qui menacent d’inonder les terres. Il faudrait un nouveau système de pompage et de digues comme aux Pays-Bas, eux-mêmes obligés de renforcer leurs protections pour résister le plus longtemps possible à la montée des eaux. Le coût de ces investissements est considérable, et les autorités administratives du Nord de la France, qui ne s’estiment pas capables de les financer à elles seules, demandaient en vain jusqu’alors à l’Etat d’en faire une priorité nationale… Deux écoles s’affrontent. Les partisans d’un sauvetage inconditionnel de la zone sinistrée, et les tenants d’un réalisme financier qui met en balance les coûts d’une remise à niveau des wateringues ajoutés à ceux de la décontamination — qui ne peut être que longue et difficile — avec le bénéfice escompté qui, dans le meilleur des cas, ne serait tangible qu’au bout de plusieurs dizaines d’années… Les réalistes essaient de convaincre leurs adversaires de l’absurdité qu’il y aurait à décontaminer un territoire qui finirait tôt ou tard par être inondé, ou à renforcer des infrastructures destinées à protéger de la montée des eaux des zones qu’il serait vraisemblablement impossible de décontaminer complètement… Les populations des autres régions du monde menacées de submersion marine assistent avec effarement au bras de fer qui oppose les uns et les autres, à la résignation si rapide du camp des réalistes qui acceptent facilement l’idée qu’un bassin d’habitat soit rayé de la carte en laissant les eaux l’engloutir… L’ONU propose son arbitrage, le gouvernement Français refuse toute ingérence dans la gestion de ses problèmes intérieurs, la population des Hauts de France réclame un référendum…

Selon que vous serez riche ou pauvre…

Page sombre

(Récit en cours d’écriture)

     Le scandale de l’eau empoisonnée de Flint était un cas flagrant d’injustice environnementale. L’accès à un air respirable, à une eau potable ou à des aires de jeu sûres pour les enfants, était un droit que les groupes sociaux favorisés, aux Etats-Unis, tenaient pour acquis, mais pour les citoyens les plus pauvres et issus des minorités, il n’y avait pas d’accès assuré aux parcs, à l’éclairage public ou à l’eau potable, pas plus que de droit au logement! Il n’y avait pas d’impartialité pour les citoyens pauvres. Et quand les habitants de Flint s’étaient plaints de cette eau impure qui sortait de leurs robinets, on avait pensé qu’après tout, ce n’était pas grand-chose et qu’ils pouvaient bien s’en accommoder… Cette attitude conduisait à faire des quartiers où vivaient les populations défavorisées de véritables zones environnementales sacrifiées dans lesquelles étaient concentrées les installations polluantes. Comme les habitants y supportaient déjà les usines et les incinérateurs, un peu plus de pollution ne semblait sans doute pas devoir faire une grande différence aux yeux des décideurs, à la fois juges et partie puisqu’eux-mêmes habitaient dans des quartiers favorisés peuplés de familles qui n’hésitaient pas à mobiliser une armée d’avocats et d’experts à la moindre tentative d’implantation chez eux d’une infrastructure ou d’un équipement entraînant un quelconque désagrément!…

     Le piano de Louis 

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