baisse

La rue bâillonnée

Nous étions si fragiles…

    Comme en Grèce, après la première crise financière du siècle survenue en 2007/2008, un programme sans précédent de réduction des dépenses publiques fut concocté sous le prétexte fallacieux du désendettement de l’Etat, et pour engranger des recettes, une partie importante du patrimoine fut promis à la vente. La dégradation insoutenable de leurs conditions de vie avait désespéré les Grecs au point de porter l’extrême-droite au pouvoir, mais le monde de l’argent ne semblait pas craindre l’extrême-droite, et le monde politique était trop lié à celui de l’argent pour en tirer la moindre leçon. Le plan d’assainissement du budget de la France prévoyait la privatisation des services publics non régaliens, l’augmentation du temps de travail des fonctionnaires et la baisse de leurs salaires, le remplacement des minima sociaux et des indemnités de chômage par un revenu universel défavorable aux plus vulnérables, le transfert de la plupart des prestations de la Sécurité Sociale aux mutuelles privées, une diminution sans précédent du budget des ministères, dont les missions, pour certains d’entre eux, devaient, à terme, complètement disparaître… La population malmenée, qui pensait, avec l’élection d’Emmanuel Macron, avoir tourné la page des politiques agressives qu’elle subissait depuis trop longtemps, avait d’abord encaissé passivement, comme groggy, les nouveaux coups assénés. Elle s’était cependant réveillée assez vite pour faire craindre au pouvoir une contre-offensive de la rue, malgré les risques encourus, physiques et judiciaires, malgré l’empilement des lois liberticides votées depuis 2015, malgré la récente interdiction de manifester dans le centre des villes. Les rassemblements actifs, en région parisienne comme en province, s’enchaînèrent en mobilisant de plus en plus de monde. Plus de quatre Francais sur cinq désapprouvaient les mesures prises par le gouvernement, des économistes réputés, pourtant acquis au macronisme, craignaient que leur champion n’aille trop loin, au sein même de la majorité En Marche, à l’Assemblée Nationale, des frondeurs se désolidarisaient de la belle unanimité affichée par le pouvoir, les sondages laissaient entrevoir une explosion sociale imminente, les milieux d’affaires commençaient à redouter une insurrection populaire, mais au lieu d’amender sa politique ou de changer de cap, l’extrême-centre réagit alors comme la droite extrême en allant jusqu’à franchir le Rubicon qu’elle-même n’avait pas osé enjamber, et voulut assurer sa mainmise sur l’Etat en déposant un projet de loi qui s’attaquait au principe même de la liberté de manifester, inscrit dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789!… Toute forme de rassemblement à caractère revendicatif, qu’il soit mobile ou statique, défilés de manifestants, occupation d’un lieu public ou privé (rond-point, parking de supermarché…), serait désormais interdite, à la périphérie des villes comme dans les centres, en province comme en région parisienne et dans les métropoles, en tout lieu du territoire, quel que soit le motif, quel que soit le collectif à l’origine de l’appel à manifester, au prétexte que l’expression des mécontentements ne devait plus se faire par la mobilisation de la rue… la légitimité des urnes était brandie comme un bouclier imparable contre les accusations d’atteinte à la démocratie, et le péril de ce que le gouvernement présentait désormais comme une nouvelle forme de terrorisme pouvant conduire à la désatabilisation de l’État servait d’argument à tout va pour justifier ce nouveau pas en avant vers un régime autoritaire, qui déjà n’avait plus de républicain que le nom, agité comme le drapeau d’une publicité mensongère…

La République en Marche arrière

Liste des reculs

2017

Juin/Juillet

Pouvoir :

  • Mise en place d’un mode de gouvernance monarchique avec un Président qui a les pleins pouvoirs et une majorité passive à l’Assemblée Nationale; convocation du Congrès de Versailles où seule compte la parole du Président…

Ecologie :

  • Abandon par l’Europe, à la demande de la France, de la Taxe sur les Transactions Financières, qui devait financer la lutte contre le réchauffement climatique.
  • Aval de la France pour un texte européen peu contraignant sur les perturbateurs endocriniens, en recul par rapport au projet qu’elle soutenait antérieurement.

Droits humains :

  • Réduction de l’aide au développement (climato-compatible…) des pays pauvres, alors que le PR se dit conscient (?!) que la lutte contre le terrorisme se joue aussi sur ce front!…
  • Distributions d’eau et de nourriture aux migrants interdites!!!

Retraités et fonctionnaires :

  • Gel du point d’indice des fonctionnaires et rétablissement du jour de carence (que les grandes entreprises ne pratiquent pas) en cas d’arrêt maladie.
  • Augmentation de 1,7% de la CSG accompagnée d’une baisse de 3,5% des cotisations salariales dans le secteur privé (le gain de pouvoir d’achat est d’autant plus important que le salaire est élevé!), mais sans compensation pour les fonctionnaires et les retraités, dont les revenus diminuent de facto.

Fiscalité :

  • Cantonnement de l’ISF aux seuls biens immobiliers (coût pour l’Etat: 4 milliards, mais gain de 2 milliards pour les 3000 ménages français les plus riches!).
  • Instauration d’un Prélèvement Forfaitaire Unique de 30% sur les valeurs mobilières (coût pour l’Etat: 3 milliards, mais gain de 1,3 milliard pour les 3000 ménages français les plus riches!).

Travail :

  • Novlangue: le « compte pénibilité » est rebaptisé compte de prévention mais se voit privé de 4 de ses piliers (contact avec les produits chimiques, charges lourdes, postures pénibles, vibrations…) et le départ en retraite anticipé ne sera possible qu’en cas de maladie professionnelle déclarée…

A suivre