atteinte

La stratégie du coucou

Nous étions si fragiles…

    Le populisme de droite avait eu beau jeu de dénoncer l’échec du « président des riches », tout en profitant comme un coucou du nid de ses politiques autoritaires et xénophobes. La défaite d’Emmanuel Macron et la victoire de Marion Maréchal-Le Pen en 2037 étaient la consécration de cinquante ans d’abandon progressif des principes fondateurs de la République française, de la démolition systématique de son contrat social, du recul délibéré de l’Etat et de l’action publique au profit du Marché, de la substitution de sa « Loi » et de ses règles à celles de la puissance publique, de la valorisation des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général, des atteintes d’abord insidieuses mais répétées et de plus en plus agressives à la liberté d’expression, de l’effacement du débat démocratique, de son remplacement par un pseudo clivage entre un nationalisme qui serait mauvais par essence et un progressisme qui serait nécessairement vertueux, sans tenir compte des véritables tensions qui traversaient la société…

Schizophrénie

(fiction en cours d’écriture)

     Les analyses étaient simplistes, l’axe du Mal une fois de plus trop bien identifié, et le concept de guerre juste pour défendre les valeurs de l’Occident permettait d’occulter toutes les défaillances de celui-ci, ses erreurs et ses manquements, ses traîtrises et ses mensonges, ses guerres injustes, ses pillages et ses exactions notamment en Afrique et au Moyen-Orient, tout ce qui avait pu faire le terreau de la rébellion des autochtones et nourrir sa récupération par le fascisme ou le totalitarisme islamiste. Les victimes des attentats djihadistes ne méritaient pas un tel déni de la réalité. Pendant que la coalition occidentale bombardait Daech, la face noire du wahhabisme, elle commerçait avec sa face blanche, l’Arabie Saoudite et le Quatar, qui étaient pourtant depuis le dernier quart du vingtième siècle les inspirateurs et les propagateurs dans le monde de la version radicale de l’Islam. Les attentats du 11 septembre avaient été téléguidés par le Saoudien Ben Laden, les nouveaux monstres islamistes qui avaient pris la succession d’Al-Quaïda continuaient d’être financés par les Saoudiens, mais la schizophrénie des Occidentaux les amenait à entretenir d’excellentes relations diplomatiques avec les états de la Péninsule arabique diffuseurs du wahhabisme, malgré leurs atteintes aux libertés fondamentales et l’application stricte de la charia, notamment envers les femmes. Un tel aveuglement (fût-il en partie volontaire pour de fausses bonnes raisons économiques ou géopolitiques ayant trait aux réserves de pétrole possédées par ces pays), ou une telle folie, ne pouvait que favoriser le déchaînement et l’expansion de la barbarie sur toute la planète, comme une maladie contagieuse galopante sans riposte cohérente et globale. Le vingtième siècle était venu à bout du nazisme puis des totalitarismes de la guerre froide, nous allions nous révéler incapables d’endiguer les menaces qui surplombaient l’avenir du millénaire à peine commencé, mais nous ne le savions pas encore, prisonniers de nos dénis, de notre bêtise, de notre lâcheté…

     Drôle d’Histoire

     2055