éphéméride.21

Impressions du jour

Texte écrit en alternance avec Isabelle Pariente-Butterlin, que je remercie

de m’avoir proposé ce nouvel échange.

     « Il y a quelque chose qui se joue dans notre échange, autour de la vérité des jours, qui ne pouvait naître que […] de la sincérité de l’écriture dans l’échange. Il nous emmène très sûrement dans l’inexploré. »

     I.P., 2 mars 2015

15 mars

     Pourquoi le monde est-il si beau ? Pourquoi la beauté des fleurs des amandiers est-elle si tendre ? Pourquoi le printemps renouvelle-t-il la vie? Pourquoi la vie ? Pourquoi ma vie dans la Vie? Quel est ce principe de bonté qui enfante le monde en le faisant mourir ? Quelle est cette beauté de l’orage qui me foudroie ? D’où vient la chaleur de la neige dont les cristaux de glace émerveillent mon regard ? Que nous apprend la chute ascensionnelle des pétales de fleurs des cerisiers ? Pourquoi tant de pourquoi ? Pourquoi donc ? Pourquoi ? Je ne sais rien mais je sens et je ressens, je ressens de toutes mes forces que je refuse la laideur, la souffrance et la mort, que je désire la beauté, la bonté, l’amour et la vie, l’amour de la vie, non pas l’éternité, non, mais l’instant éternel, l’acmé ! Vertige de l’écart entre le monde que je désire et la face noire de sa réalité, vertige de cet écart incompréhensible et douloureux qui me fait chavirer le coeur ! Sensation irrésistible de vertige qui pourrait me conduire à la folie, car la double réalité du monde m’est insupportable… je voudrais tant camper sur la seule partie du monde qui me convient et, au risque de perdre la tête, ne plus regarder que le beau et le bon!

***

16 mars

     Noirceur pure du chagrin. Puis nous avons discuté tard dans la nuit. J’ai constaté que la souffrance des uns réveille en écho celle des autres. Que les souffrances qu’on croit endormies, sédimentées sous des strates de volonté, déclenche d’étranges effondrements de soi qu’on n’attendait pas, on tente de trouver les mots pour orienter l’autre vers son avenir, pour le lui rendre, on tente de lui tenir la main pour le sortir des sables mouvants de son désarroi, et on perd pied en soi, on se retrouve à vif, avec des larmes plein les yeux, qu’on tente de retenir, d’empêcher de couler, mais il faut croire à la force de la pesanteur mène le chagrin à sortir de nous, que la forme de nos joues est ainsi faite qu’elle laisse couler les larmes, je n’y comprends rien, une fois de plus, je n’y comprends, et quelque chose se manifeste, de profond et de vaste, qui doit être notre humanité.

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éphéméride

Un commentaire

  1. ça me plaît ce que vous exprimez.vous posez vraiment des questions qui me préoccupent énormément ces temps ci. l amour du beau doit toujours être notre choix pour la vie

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