En 1894, le 8 décembre, Charles avait eu sept ans, l’âge de raison, l’âge de commencer à se comporter comme un homme. L’occasion lui en serait donnée bientôt, après l’hiver. Il avait déjà accompagné les hommes de la famille en tournée dans leur carriole. Déménagements, transport de marchandises, produits agricoles, alimentation, l’entreprise familiale de messagerie sillonnait les routes des Flandres et, chaque semaine, étendait son rayon d’action jusqu’en Île-de-France pour distribuer les produits de la marée achetés par des grossistes à la criée de Boulogne-sur-Mer.
En attendant le grand jour, il continuait d’aller à l’école pour savoir lire, écrire et compter, commerce oblige. Il apprenait aussi à s’occuper des chevaux dont il avait encore très peur. Grandir nécessitait de trouver en soi le courage d’approcher à les frôler ces grandes bêtes nerveuses qui hennissaient et frémissaient de façon imprévisible.
Son père l’accusait d’être maladroit et sans doute, malheureusement, bon à rien. Il devait…
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