populaire

22 Mars 2024

Nous étions si fragiles…

    Au début de cette période de régression, la privation de liberté ne semblait pas toucher tout le monde et préservait les apparences d’une société démocratique, mais en réalité déjà très autoritaire et très inégalitaire. Des vagues de mécontentement populaire déferlaient continûment sur le pays depuis les premières atteintes au Code du Travail de la loi El Khomri en 2016, et l’occupation des ronds-points en 2018 par les laissés pour compte de la société devenus soudain visibles grâce aux gilets jaunes qu’ils avaient choisi de porter. Plus ou moins tolérées et endiguées, elles s’étaient transformées en véritables marées humaines après l’élection de Marine Le Pen, en 2022, pour dénoncer le fascisme rampant qui l’avait portée au pouvoir et gangrenait la République depuis déjà un certain nombre d’années. Or, comme le clivage entre la population relativement riche et celle qui subissait de graves difficultés s’était durci au point de faire craindre que les frustrations accumulées pouvaient créer les conditions d’une insurrection, l’extrême-droite avait reçu l’appui de presque tous les autres partis pour voter, le 22 mars 2024, une loi dite anti-casseurs donnant à la police les moyens d’identifier tous les manifestants et de les ficher systématiquement. Il fallait neutraliser l’opposition, casser les mouvements sociaux, entraver les capacités de mobilisation des syndicats et des mouvements politiques, étouffer dans l’œuf toute velléité de rébellion! Même les Jacqueries des petits paysans, objets de tous les soins avec les artisans-pêcheurs, les petits entrepreneurs et les petits commerçants de la propagande électorale de Marine Le Pen, étaient devenues gênantes pour le pouvoir.

Deux femmes au second tour

Nous étions si fragiles…

    Deux femmes s’affronteraient donc pour la première fois au second tour de l’élection présidentielle française, car la France Insoumise avait choisi de présenter Sarah Legrain, donnée favorite. Les gens n’en pouvaient plus de la dégradation de leurs conditions de vie, elle devait l’emporter, elle était sur le point de l’emporter!… Mais la campagne orchestrée par la droite et l’extrême-droite fut d’une violence inouïe… Des patrouilles vêtues de noir et cagoulées arrachaient toutes les affiches de la France Insoumise, gribouillaient sur les murs des slogans pseudo-patriotiques, accusaient de traîtrise les militants de la gauche populaire, prétendaient faire la chasse à l’ennemi de l’intérieur, répandaient les pires mensonges, montaient des traquenards, fomentaient de sombres embuscades, semaient la peur… Ces milices, apparues après l’attentat nucléaire de Versailles en 2020, n’avaient jamais été interdites par les gouvernements qui s’étaient succédé depuis à la tête de l’Etat…

La carte de Marion Maréchal-Le Pen

Nous étions si fragiles…

    Marine Le Pen n’avait pas été réélue à l’issue de son quinquennat en 2027, mais sa nièce avait repris le flambeau et sévissait à la tête de l’Etat depuis 2037. Dans l’intervalle, le pays avait oscillé entre la politique droitière et protectionniste de Laurent Wauquiez, qui avait damé le pion à la présidente sortante en réussissant à séduire son électorat, et la politique ultra libérale, mondialiste et européiste, d’Emmanuel Macron, élu en 2032 sur la base d’un programme que les Françaises et les Français avaient accueilli comme une bouffée d’oxygène après la chape de plomb des dix années précédentes, car ils avaient cru que le nouveau président, qui ne se voulait ni de droite ni de gauche, serait tout simplement centriste et humaniste. Le malentendu dura moins d’une année. Les classes populaires et moyennes basses découvrirent rapidement l’ampleur des attaques menées contre elles par le nouveau pouvoir, bientôt désigné comme l’extrême centre. La révolution désirée par Emmanuel Macron était celle que les milieux d’affaires et financiers appelaient de leurs vœux depuis l’accession au pouvoir des néo-libéraux Margaret Thatcher et Ronald Reagan à la fin du vingtième siècle, et dont tous les dirigeants politiques qui s’étaient succédé depuis, en Europe comme aux Etats-Unis, avaient favorisé la mise en œuvre. Celle-ci était en réalité déjà bien avancée, mais les tenants forcenés du néolibéralisme en voulaient toujours plus! Ils se sentaient près du but et piaffaient d’impatience, perdaient toute retenue, faisaient voler en éclats tous les tabous. Leur rêve était de parvenir à réduire à néant la puissance publique des Etats pour que les empires financiers ne trouvent plus aucune limite à leur expansion. En France, la devise de la République exprimait un désir profond d’égalité et de fraternité qui rendait leurs manœuvres plus difficiles qu’ailleurs, mais ils avaient trouvé en Emmanuel Macron un mercenaire déterminé, nostalgique de la monarchie, qui allait chercher l’inspiration auprès des tombeaux des rois dans la basilique de Saint-Denis! L’homme se rêvait lui-même en roi de droit divin et, s’il ne pouvait prétendre à ce titre, se sentait assez au-dessus de ses concitoyens pour conduire les affaires du pays en président-monarque. Cette folie mégalomaniaque lui fit commettre de graves erreurs en politique intérieure comme en politique extérieure, et son quinquennat se termina en désastre. C’est alors que les financiers aux abois, terrorisés par la perspective d’une victoire à la prochaine élection présidentielle de ce qu’ils appelaient l’ultra-gauche, sortirent de leur chapeau la carte de Marion Maréchal-Le Pen, qui n’était pas tout à fait neuve mais donnait encore l’illusion d’une certaine modernité…

Mai 2022

Nous étions si fragiles…

    Emmanuel Macron n’était qu’un leurre, le champion ou la marionnette consentante des milieux d’affaires dont il servait les intérêts – et non pas l’intérêt général ou le bien commun – mais au printemps 2022, il était devenu le phare incontournable de la vie politique française. Le scandale qui entachait la campagne du candidat républicain François Fillon et la décomposition du parti socialiste lui ouvraient un boulevard. Marine Le Pen était assurée d’être au second tour de la présidentielle de mai 2022, il serait vraisemblablement le challenger. Elle proposerait aux Françaises et aux Français un projet certes souverainiste mais surtout xénophobe, il défendrait une vision européenne de la France, certes plus sympathique, mais essentiellement alignée sur les positions néo-libérales habituelles de la Commission, caractérisées par le dumping social et le dumping fiscal, qui mettaient en concurrence tous les territoires avec pour conséquence dramatique l’appauvrissement général des citoyens les plus fragiles. Comme Bernie Sanders aux Etats-Unis en 2016, le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, aurait pu éviter au pays d’avoir à choisir entre Charybe ou Scylla, car le programme écologique et social qu’il proposait répondait aux grands défis qu’il aurait fallu enfin relever. Jusqu’à la veille du premier tour, on avait pensé qu’il pouvait se qualifier. Le suspense fut insoutenable, mais il n’était finalement arrivé que troisième avec 20% des voix, juste derrière l’illusionniste Emmanuel Macron (21%). Avec un score de 28%, le parti fasciste de Marine Le Pen avait malheureusement raflé la mise ! Car les candidats des grands partis de la cinquième République n’avaient réussi à rassembler sur leur nom que dix-sept (François Fillon) et sept pour cent des voix (Benoît Hamon), les six autres « petits » candidats se partageant les sept pour cent restant. L’Histoire retiendrait que si les frondeurs du parti socialiste – qui avaient critiqué les gouvernements successifs des deux quinquennats de François Hollande sans jamais toutefois voter de motion de censure à l’Assemblée nationale – avaient ajouté avec Benoît Hamon, leur chef de file, vainqueur de la primaire, leurs forces à celles du mouvement populaire (et non pas populiste!), « La France insoumise », qui soutenait Jean-Luc Mélenchon, ce dernier aurait pu être présent au second tour et peut-être remporter l’élection présidentielle. Mais ce ne fut pas le cas, et en mai 2022, la France républicaine bafouée assistait impuissante à l’entrée de l’extrême-droite et de Marine Le Pen à l’Elysée.

L’échec de la Troisième Voie

Nous étions si fragiles…

    En novembre 2020, Hillary Clinton avait été battue par le sinistre Trump parce qu’elle n’avait pas été capable de répondre au désespoir de cette partie de la population américaine de plus en plus acculée à la pauvreté, à la précarité ou à la grande misère. La trumpérisation des esprits, raison avancée par certains responsables politiques français redoutant de subir le même sort en 2022, ne pouvait suffire à expliquer l’échec de la présidente sortante, pas plus qu’un regain de mysoginie ou une concentration de cyberattaques russes. La vérité était que le puissant parti démocrate américain avait de nouveau utilisé tous les moyens possibles, y compris les plus contestables ou les plus malhonnêtes, comme en 2016 contre Bernie Sanders, pour empêcher l’émergence d’une aile gauche populaire – et non pas populiste – qui ne voulait plus de la ligne suivie par les héritiers de la Troisième Voie mise en œuvre dans le monde occidental au cours des années 1990 et 2000 par Bill Clinton, Gérard Schroeder et Tony Blair, et qui, en dérégulant les marchés, avaient accéléré la mondialisation de l’économie au détriment des couches les moins favorisées de la population, victimes de la baisse des salaires et du chômage. Cette politique avait ouvert les vannes de la finance et donné libre cours à tous les dérapages, conduisant à la formation de bulles financières gigantesques et de crises systémiques gravissimes qui avaient ruiné les États et propulsé dans la misère partout dans le monde des dizaines de millions de personnes qui ne maîtrisaient plus leur destin… Une majorité d’Américains devenus économiquement vulnérables ne voulait plus en entendre parler. En s’accrochant au pouvoir envers et contre tout, l’équipe d’Hillary Clinton, soutenue par tous ceux qui profitaient de la mondialisation des affaires, avait ruiné leurs espoirs de changement. Or, le désespoir social a toujours nourri les énergies les plus sombres, et donc les populismes de droite les plus cyniques, les plus sinistres. Faute de pouvoir trouver un débouché politique naturel dans le camp démocrate, les Américains les plus pauvres avaient découvert dans les discours de Donald Trump un écho suffisant à leurs souffrances pour croire que le programme présidentiel du milliardaire les replacerait dans la course. Ils avaient voté pour le concurrent d’Hillary Clinton parce qu’ils espéraient, sinon un retour aux années fastes de l’American way of life, du moins la sortie du tunnel dans lequel ils se trouvaient piégés. Ils avaient voté pour lui parce qu’ils espéraient de toutes leurs forces que le protectionnisme économique mis en avant par le candidat qui se réclamait du peuple leur permettrait d’échanger les petits boulots aléatoires et sous-payés qui étaient devenus leur seul horizon – quand ils avaient la chance (!) d’en avoir un – contre de véritables emplois dans les secteurs productifs, que Donald Trump promettait de redéployer sur tout le territoire national en commençant par les anciens bastions industriels du Nord.

Plaisirs organisés

Nous étions si fragiles…

    Il n’y avait pas de mouvements contestataires et sans doute aucune raison de vouloir s’opposer à l’Etat, aucun motif important de mécontentement. Les besoins primordiaux étaient largement satisfaits, personne ne restait inoccupé, les distractions étaient nombreuses, les fêtes collectives officielles ressoudaient régulièrement la communauté. A cette occasion, les gens pouvaient se livrer à certains débordements qui restaient contrôlés et organisés. Ces fêtes populaires auxquelles Martens faisait allusion évoquaient nos carnavals. Les déguisements y autorisaient des comportements exubérants et fantasques qui servaient à évacuer la tension accumulée au quotidien. En dehors de ces fêtes, les responsables de l’Etat prenaient soin tout au long de l’année du mental de leurs administrés (la notion de citoyen ne figurait pas dans la liste du vocabulaire politique). Une sorte de banquet était organisé tous les dix jours par des administrateurs de quartiers. C’était l’occasion de mettre en valeur les initiatives réussies des uns ou des autres pour entretenir la cohésion sociale, et de récompenser les habitants qui s’étaient particulièrement investis. On leur attribuait des insignes en fonction de leurs mérites et des subventions pour faire aboutir leurs projets. Les plus passifs applaudissaient béatement tout en savourant les mets délicieux et les breuvages spéciaux qui circulaient en abondance, servis par une escouade de jeunes majordomes volontaires des deux sexes recrutés dans les familles. Les yeux brillaient, les mines réjouies arboraient toutefois les signes d’un état extatique anormal dont Martens s’était rendu compte depuis le jour où Walter et lui avaient décidé, sans savoir exactement quel objectif ils poursuivaient, de se mettre en marge de leur communauté pour en observer les rouages…

No future

    Mais dans le monde récemment globalisé, les informations circulaient à toute vitesse. Un vent d’indignation commença à se lever et à se propager de pays en pays, suscitant le Printemps arabe en 2010, suivi par le mouvement espagnol des Indignés et le mouvement international Occupy en 2011. Outre le départ des dictateurs et l’instauration d’une démocratie, les manifestants arabes exigeaient un partage des richesses qui leur assure de meilleures conditions de vie, des emplois, et la dignité («karama» en arabe). Ils voulaient reprendre la main, le la était donné par leur slogan « Dégage! », « Erhal! ». En Tunisie, point de départ des contestations populaires, la révolte aboutit à la chute du dictateur Ben Ali puis, en Egypte, à celle d’Hosni Moubarak. La détermination non violente de la jeunesse arabe inspira la jeunesse occidentale qui se rassembla elle aussi dans d’impressionnantes manifestations festives sur les places des grandes villes. Les jeunes du monde entier criaient haut et fort leur désir de paix, de liberté et de solidarité en manifestant leur désaveu de la classe politique responsable à des degrés divers du chômage qui barrait leur horizon (no future)

et de la misère dans laquelle ils se débattaient. L’avenir aurait pu être radieux si les forces négatives qui travaillaient le monde n’avaient pas étouffé peu à peu l’immense espoir suscité par les mouvements révolutionnaires non violents de cette époque.

Le nouvel ordre mondial

Nous étions si fragiles…

    L’humanité devait faire face à de fortes perturbations climatiques et géopolitiques qui conduisaient les dirigeants du monde occidental à se durcir contre la volonté même de leurs peuples. Les principes de liberté, d’égalité et de fraternité, chers à la République française, étaient de plus en plus ouvertement bafoués. De reculade en reculade, les grandes institutions issues des Lumières, qui avaient été confortées après la seconde guerre mondiale par le Conseil national de la résistance, finissaient par être vidées de leur sens. Dans les autres grandes démocraties, les dégâts causés par le nouvel ordre mondial qui se mettait partout en place étaient aussi gravissimes qu’en France. Sous le prétexte de protéger les citoyens, de nouvelles lois plus liberticides les unes que les autres étaient votées par des élites parlementaires de moins en moins responsables de leurs actes devant les peuples. Partout, une crise aiguë de la démocratie provoquait des protestations massives de la population, qui se contentait en général de manifester pacifiquement, mais la récupération de ces mouvements populaires par l’extrême-droite, ou quelques groupuscules plus rares de la gauche révolutionnaire, en perte de vitesse depuis la fin du vingtième siècle, était brandie par les gouvernements pour justifier et amplifier la répression policière. A l’angoisse de l’électorat qui se réfugiait dans une abstention de plus en plus abyssale, les élites politiques répondaient au mieux par l’incompréhension, au pire par la provocation et par la force, en suscitant la peur. Le monde devenait orwellien. Et nous, nous étions aveugles…

De reculade en reculade

(Récit/fiction en cours d’écriture)

     L’humanité devait faire face à de fortes perturbations climatiques et géopolitiques qui conduisaient les dirigeants du monde occidental à se durcir contre la volonté même de leurs peuples. Les principes de liberté, d’égalité et de fraternité, chers à la République française, étaient de plus en plus ouvertement bafoués. De reculade en reculade, les grandes institutions issues des Lumières, qui avaient été confortées après la seconde guerre mondiale par le Conseil national de la résistance, finissaient par être vidées de leur sens. Dans les autres grandes démocraties, les dégâts causés par le nouvel ordre mondial qui se mettait partout en place étaient aussi gravissimes qu’en France. Sous le prétexte de protéger les citoyens, de nouvelles lois plus liberticides les unes que les autres étaient votées par des élites parlementaires de moins en moins responsables de leurs actes devant les peuples. Partout, une crise aiguë de la démocratie provoquait des protestations massives de la population, qui se contentait en général de manifester pacifiquement, mais la récupération de ces mouvements populaires par l’extrême-droite, ou quelques groupuscules plus rares de la gauche révolutionnaire, en perte de vitesse depuis la fin du vingtième siècle, était brandie par les gouvernements pour justifier et amplifier la répression policière. A l’angoisse de l’électorat qui se réfugiait dans une abstention de plus en plus abyssale, les élites politiques répondaient au mieux par l’incompréhension, au pire par la provocation et par la force, en suscitant la peur. Le monde devenait orwellien. Et nous, nous étions aveugles…

     Paradoxalement, c’est Martens qui a aiguisé mon esprit critique avec ses questions déconcertantes qui avaient le don d’agacer Jean-François. Il s’étonnait de tout, voulait tout apprendre, tout savoir, comme s’il avait grandi dans une grotte à l’écart de la communauté humaine. Il ignorait presque tout de l’Histoire ou en avait une conception complètement déformée. Mais ce qui m’avait le plus émue, c’était sa découverte de la littérature et de la philosophie. J’avais eu le droit de lui rendre visite dans sa cellule et je lui apportais des livres. Sa connaissance de la langue française était exceptionnelle. Il pouvait lire aussi les autres langues mais, personnellement, j’en étais incapable et nos échanges se limitaient, hélas, à mon idiome maternel. Je ne sais pas vraiment pourquoi, sans doute parce qu’il était en prison, je lui avais d’abord fait connaître la poésie de Verlaine. Il avait lu à voix basse. Ses lèvres tremblaient, il avait les yeux pleins de larmes quand il relevait son visage, et, ce jour-là, quand je l’ai quitté, alors que je partageais l’opinion de Jean-François qui voyait en lui un espion de haut vol passé maître dans l’art du camouflage, pour la première fois, j’ai eu le sentiment qu’il était sincère.

Le monde devenait orwellien

 

   L’humanité devait faire face à de fortes perturbations climatiques et géopolitiques qui conduisaient les dirigeants du monde occidental à se durcir contre la volonté même de leurs peuples. Les principes de liberté, d’égalité et de fraternité, chers à la République française, étaient de plus en plus ouvertement bafoués. De reculade en reculade, les grandes institutions issues des Lumières, qui avaient été confortées après la seconde guerre mondiale par le Conseil national de la résistance, finissaient par être vidées de leur sens. Dans les autres grandes démocraties, les dégâts causés par le nouvel ordre mondial qui se mettait partout en place étaient aussi gravissimes qu’en France. Sous le prétexte de protéger les citoyens, de nouvelles lois plus liberticides les unes que les autres étaient votées par des élites parlementaires de moins en moins responsables de leurs actes devant les peuples. Partout, une crise aiguë de la démocratie provoquait des protestations massives de la population, qui se contentait en général de manifester pacifiquement, mais la récupération de ces mouvements populaires par l’extrême-droite, ou quelques groupuscules plus rares de la gauche révolutionnaire, en perte de vitesse depuis la fin du vingtième siècle, était brandie par les gouvernements pour justifier et amplifier la répression policière. A l’angoisse de l’électorat qui se réfugiait dans une abstention de plus en plus abyssale, les élites politiques répondaient au mieux par l’incompréhension, au pire par la provocation et par la force, en suscitant la peur. Le monde devenait orwellien. Et nous, nous étions aveugles…

     Paradoxalement, c’est Martin qui a aiguisé mon esprit critique avec ses questions déconcertantes qui avaient le don d’agacer Jean-François. Il s’étonnait de tout, voulait tout apprendre, tout savoir, comme s’il avait grandi dans une grotte à l’écart de la communauté humaine. Il ignorait presque tout de l’Histoire ou en avait une conception complètement déformée. Mais ce qui m’avait le plus émue, c’était sa découverte de la littérature et de la philosophie. J’avais eu le droit de lui rendre visite dans sa cellule et je lui apportais des livres. Sa connaissance de la langue française était exceptionnelle. Il pouvait lire aussi les autres langues mais, personnellement, j’en étais incapable et nos échanges se limitaient, hélas, à mon idiome maternel. Je ne sais pas vraiment pourquoi, sans doute parce qu’il était en prison, je lui avais d’abord fait connaître la poésie de Verlaine. Il avait lu à voix basse. Ses lèvres tremblaient, il avait les yeux pleins de larmes quand il relevait son visage, et, ce jour-là, quand je l’ai quitté, alors que je partageais l’opinion de Jean-François qui voyait en lui un espion de haut vol passé maître dans l’art du camouflage, pour la première fois, j’ai eu le sentiment qu’il était sincère.

     Louis vient de se lancer avec virtuosité dans l’interprétation d’une sonate de Mozart. Je voudrais rester isolée à jamais dans cette bulle sonore résiduelle qui semble jeter un pont entre l’avant et l’après de l’Horreur absolue qui vient de détruire nos vies, alors que la frontière est infranchissable, alors que nous sommes dans l’impensable du plus jamais, entre désir d’oubli et déni, aux confins de la folie qui menace de nous dévorer… Que nous est-il arrivé? Est-il possible que l’esprit humain qui a été capable de cette musique nous ait conduit à l’Apocalypse?… Non, mille fois non! Nous ne sommes pas tous coupables de cette dérive qui a plongé l’Humanité dans la Nuit!… Et nous serions, nous, survivants, comme les rescapés du Déluge ? Notre Histoire aurait encore un sens après l’anéantissement de millions, de milliards d’êtres humains?… Dans le monde d’où venait Martin, il n’y avait, semble-t-il, pas de questions sans réponses, et pas de musique autre que militaire, tambours et trompettes. Mais qu’en était-il en réalité pour nous, au pays des Lumières ? Qu’avions-nous fait de notre culture, de notre aptitude à penser et à créer, de notre liberté, de notre désir de fraternité?… J’entends le chœur des victimes qui se lamentent en déplorant l’orgueil des puissants qui les ont sacrifiées sur l’autel de leur cupidité. Qu’avions-nous fait de la sagesse des Anciens? Pourquoi seul l’Hubris n’est-il pas châtié ? Pourquoi emporter les foules dans le châtiment? Pourquoi infliger ce sort si terrible à l’Humanité, capable malgré tout du meilleur?… Les humains n’ont jamais eu de réponse satisfaisante à leurs questions existentielles, mais nous avons fait comme si… Nous étions des imposteurs. Nous avons fait comme si tout cela n’avait pas, ou plus, d’importance. Comme si le monde était devenu majeur. Comme si nous étions désormais définitivement à l’abri des pires fléaux qui avaient dévasté les populations dans le passé. Comme si le progrès exponentiel des techniques nous avait soustraits au sort commun qui avait été le lot de tous depuis les origines. Pourquoi un tel aveuglement? Pourquoi avoir bâillonné les Cassandre? Pourquoi ce rapport de force si défavorable aux faibles?… Mon Dieu, j’ai envie, en me tournant vers vous, puisque plus rien n’est objectivement rationnel hormis les réactions physiques et chimiques du monde matériel, de vous déclarer coupable. Coupable de nous avoir laissés si démunis face au pouvoir de destruction des puissants rendus aveugles par leur orgueil démesuré…

     Il existait au sein même des pays riches des situations d’extrême pauvreté qui auraient pu aider les moins cyniques à ouvrir les yeux, mais elles ne faisaient jamais la une des journaux et restaient relativement cachées sans jamais devenir la priorité des hommes et des femmes politiques. Dans les pays émergents, une classe moyenne de plus en plus nombreuse réclamait sa part de richesse, mais sans vraiment remettre en cause les fondements d’une économie qui avait besoin, pour prospérer, d’exploiter les plus pauvres et de piller la planète. Alors que les pratiques ancestrales respectueuses des écosystèmes avaient réussi jusqu’alors à en obtenir le meilleur, la vie devenait impossible pour des millions d’êtres humains que la faim et la soif chassaient des endroits les plus arides. Des cohortes d’hommes, de femmes et d’enfants avaient commencé de migrer dès le début des années 2000 pour échapper à la famine et aux guerres que se livraient leurs pays dans le but d’accaparer ce qu’il restait de ressources. Mais l’égoisme ou le cynisme rendait les maîtres de la Terre insensibles ou inconscients. Pourquoi les fautes sont-elles irréversibles?… Pourquoi cette fatalité inhumaine qui conduit sans possibilité de retour à la destruction et à la mort?… Les esprits forts s’étaient moqués des récits religieux sans parvenir à leur substituer une sagesse universelle qui aurait pu protéger les humains de leurs errements. Orgueil suprême sans doute de penser que nous nous suffisions à nous-mêmes! Certes, le chemin était étroit entre les illusions religieuses, l’intolérance qu’elles suscitent, et la croyance en notre toute-puissance… Mais pourquoi les humains se sont-ils comportés si souvent au cours de l’Histoire, et d’une façon inégalée dans la dernière période, de façon aussi irrationnelle?…

     O lecteur improbable, tu n’auras sans doute jamais entre les mains les pages que je te destine sans me faire beaucoup d’illusions… Une petite centrale électrique autonome, que Martine, physicienne, et Alain, ingénieur, parviennent à faire fonctionner, alimente la base où nous avons trouvé refuge, et les batteries de nos ordinateurs peuvent encore être rechargées sur les prises qui lui sont raccordées. Mais quand le matériel tombera en panne ou sera usé, plus rien ne nous reliera au mode de vie qui était le nôtre avant la dernière série de cataclysmes qui ont dévasté le monde. Tout au fond des océans, des câbles de fibre optique véhiculent sans doute encore des données fantômes qui proviennent d’un univers mort. Ma messagerie semble fonctionner et je continue sans relâche, malgré l’absence de réponses, d’envoyer des courriers électroniques à tout va comme autant de bouteilles à la mer! L’esprit humain était ainsi fait, jadis, quand tout paraissait en perpétuelle évolution, que l’espoir parvenait à se faufiler dans le moindre interstice… Mais non. Le comble de l’irrationalité serait de croire que mon récit nous survivrait. Une sorte d’instinct me pousse cependant (comment l’expliquer?) à imprimer au fur et à mesure ce que j’écris sur les blocs de feuilles que nous avons trouvés dans les bâtiments de la base avec du matériel de bureau intact. Je ne fais que mettre en œuvre un système de réflexes qui n’ont plus de sens aujourd’hui, mon esprit le sait, mon corps ne l’a pas encore admis et tente de repousser comme il peut les affres de l’angoisse en s’adonnant à l’apparence d’une activité familière qui était celle de mon job de journaliste. Les deux plus jeunes du groupe, Julie et Jordan, se sont mis à s’aimer d’amour tendre, ils sont touchants… Bizarrement, moi, je ne me laisse plus approcher par Luc… Les autres se débrouillent comme ils peuvent avec leurs sentiments et leurs pulsions… Je les regarde d’un œil lointain, à travers la vitre de ma propre anxiété… Tous, nous essayons cependant de faire attention. Le moindre dérapage pourrait déclencher entre nous des tempêtes inouïes…

 

 

Je ne veux pas me souvenir

 

    Jean-François Dutour m’avait confié: « J’ai eu le temps de réfléchir, n’oublie pas que je suis un témoin direct, j’affirme… mon intuition intime… je suis persuadé que la clé du puzzle… Oui, il a cherché Walter. Walter n’est pas un personnage de fiction, il n’aurait pas pu mentir à ce point, inventer certains détails, avoir certains regards, certaines expressions… l’intuition du policier, quand même, ça existe!… Il a cherché Walter… C’est dans la logique de son personnage, de cet attachement puissant qui le faisait parler si souvent de Walter d’une voix qui… Il a cherché Walter et cela n’empêche pas… mais je n’en sais pas assez pour conclure…

     Jean-Francois… la dernière fois que je t’ai vu, chez mon père… Etes-vous vivants ? Vous reverrai-je un jour ?… Dans ce lieu où nous avons trouvé refuge, sommes-nous à ce point coupés du monde que nous ignorons tout du sort réservé au reste de l’humanité alors que vous-mêmes auriez surmonté le pire et tenteriez de nous retrouver? Xavier pense que nous avons découvert un petit Éden. Il se montre optimiste pour « l’avenir » de notre petite communauté et rêve d’en faire une société idéale… Les mots ont-ils encore un sens? Nous n’avons plus d’avenir, seulement un futur proche qui consiste à essayer de subvenir à nos besoins les plus élémentaires. La flore est abondante et riche en espèces nourricières. Nous retrouvons sans doute les gestes de nos très lointains ancêtres cueilleurs. Nous nous habituons déjà à cette nourriture simple et frugale qui nous permet d’économiser le stock providentiel de conserves qui assure notre survie actuelle, sa date de péremption nous laisse un délai de quelques années, nous espérons mettre ce laps de temps à profit pour nous lancer dans l’agriculture. Sylvain explore chaque pouce de terrain à la recherche de graines qu’il fait germer ensuite dans le jardin qu’il a entrepris de cultiver. Les lignes du paysage sont très douces et me font penser à la description faite par Martin au début de sa déposition, quand il évoquait presque avec tendresse ce petit village de l’Europe de l’Ouest qui fut l’écrin, sans doute, de ses dernières espérances en partage avec Walter, alors qu’ils se croyaient encore au début de leur grande aventure… Que sont-ils devenus? Et Sylvia, que Martin semblait chérir, n’était-elle qu’un personnage de fiction? Sont-ils réunis aujourd’hui dans ce mystérieux Etat auquel nous ramenait sans cesse le délire de Martin ou nos propres délires à son sujet? J’ai la sensation bizarre d’avoir été soustraite au continuum de l’Histoire humaine, comme si j’avais été propulsée avec mes compagnons d’infortune dans un monde parallèle, sous l’effet de dérèglements spatio-temporels qui auraient été déclenchés par les cataclysmes successifs qui ont frappé notre planète. Pourquoi chercher aujourd’hui à essayer de déchiffrer ce passé récent auquel nous n’avions rien compris? A quoi se raccrocher pour lutter contre la folie qui nous guette? Nous ne savons même pas comment nous avons pu échouer ici, dans cette base américaine désertée que nous sommes incapables de situer sur une carte. Marceau et Nicolas, qui étaient tous les deux des collaborateurs de Jean-Francois Dutour, spécialisés dans la prospection stratégique, sont enclins à déduire de leurs observations que nous serions probablement dans une zone de territoire qui jouxterait l’Alaska. Je me sens incapable de me remémorer cet enchaînement incroyable d’événements tous plus apocalyptiques les uns que les autres qui nous ont fait fuir à sauve-qui-peut dans la panique et le désordre le plus total. Je ne le peux pas. Je ne veux pas me souvenir de toutes ces scènes d’horreur entrevues dans les villes et sur les routes, auxquelles je ne sais comment j’ai pu moi-même échapper. Pendant combien de temps serons-nous à l’abri dans notre refuge actuel? Louis est heureux d’avoir trouvé un piano, il joue à tous ses moments perdus. Marceau et Nicolas retrouvent leurs réflexes de professionnels pour établir une stratégie de survie. Tous, nous essayons d’oublier l’inimaginable et l’impensable que nous venons pourtant de vivre. Les mots étaient ma raison d’être, mais ils n’ont plus de sens puisque le monde autour de nous, qui leur servait d’écrin ou qu’ils enchâssaient comme un bijou, s’est écroulé. Pourquoi avoir entrepris d’écrire ces lignes? Pourquoi continuer? De nouveau me viennent à l’esprit les mots de Martin, ceux qu’il avait écrits au début de son journal. Écrire serait un acte de résistance? Pour lui, je n’en doute pas, il avait l’étoffe d’un héros, comme il aurait dit de son ami Walter. En ce qui me concerne, j’ai bien peur que l’acte d’écrire ne soit qu’un divertissement pour tuer le temps, pour empêcher que l’angoisse ne me submerge. J’essaie seulement de résister à la folie.

 

 

Réjouissances

Page sombre

(Récit en cours d’écriture)

     Il n’y avait pas de mouvements contestataires et sans doute aucune raison de vouloir s’opposer à l’Etat, aucun motif important de mécontentement. Les besoins primordiaux étaient largement satisfaits, personne ne restait inoccupé, les distractions étaient nombreuses, les fêtes collectives officielles ressoudaient régulièrement la communauté. A cette occasion, les gens pouvaient se livrer à certains débordements qui restaient contrôlés et organisés. Ces fêtes populaires auxquelles Martin faisait allusion évoquaient nos carnavals. Les déguisements y autorisaient des comportements exubérants et fantasques qui servaient à évacuer la tension accumulée au quotidien. En dehors de ces fêtes, les responsables de l’Etat prenaient soin tout au long de l’année du mental de leurs administrés (la notion de citoyen ne figurait pas dans la liste du vocabulaire politique). Une sorte de banquet était organisé tous les dix jours par des administrateurs de quartiers. C’était l’occasion de mettre en valeur les initiatives réussies des uns ou des autres pour entretenir la cohésion sociale, et de récompenser les habitants qui s’étaient particulièrement investis. On leur attribuait des insignes en fonction de leurs mérites et des subventions pour faire aboutir leurs projets. Les plus passifs applaudissaient béatement tout en savourant les mets délicieux et les breuvages spéciaux qui circulaient en abondance, servis par une escouade de jeunes majordomes volontaires des deux sexes recrutés dans les familles. Les yeux brillaient, les mines réjouies arboraient toutefois les signes d’un état extatique anormal dont Martin s’était rendu compte depuis le jour où Walter et lui avaient décidé, sans savoir exactement quel objectif ils poursuivaient, de se mettre en marge de leur communauté pour en observer les rouages…

     Ecrit depuis l’avenir

     2064

Un bougli-bougla

(fiction en cours d’écriture)

     Les démocraties, à cette époque, étaient déjà très malades. Les représentations parlementaires trahissaient en permanence l’expression de la volonté populaire, les pouvoirs intermédiaires étaient incapables d’assurer la transmission, les partis politiques étaient complètement sclérosés, les médias diffusaient un bougli-bougla insipide destiné à occuper les esprits tout en les privant de réflexion.

     Écrit depuis l’avenir

     2064

Vie antérieure

  

(fiction en cours d’écriture)

    Xavier avait été ingénieur agronome. Il aidait Sylvain dans ses expérimentations agricoles. Lui aussi, au cours de sa vie antérieure, avait milité pour un autre modèle économique et d’autres pratiques de développement, respectueuses des ressources de la planète. Ils avaient tous deux l’expérience des modes de fonctionnement autogestionnaire des petites communautés libertaires qui s’étaient développées dans le monde entier dans la foulée du mouvement des indignés, après les grands rassemblements de l’année 2012.

     Ecrit depuis l’avenir

     2064

Dégage!

(fiction en cours d’écriture)

     Mais dans le monde récemment globalisé, les informations circulaient à toute vitesse. Un vent d’indignation commença à se lever et à se propager de pays en pays, suscitant le Printemps arabe en 2010, suivi par le mouvement espagnol des Indignés et le mouvement international Occupy en 2011. Outre le départ des dictateurs et l’instauration d’une démocratie, les manifestants arabes exigeaient un partage des richesses qui leur assure de meilleures conditions de vie, des emplois, et la dignité (« karama » en arabe). Ils voulaient reprendre la main, le la était donné par leur slogan « Dégage! », « Erhal! ». En Tunisie, point de départ des contestations populaires, la révolte aboutit à la chute du dictateur Ben Ali puis, en Egypte, à celle d’Hosni Moubarak. La détermination non violente de la jeunesse arabe inspira la jeunesse occidentale qui se rassembla elle aussi dans d’impressionnantes manifestations festives sur les places des grandes villes. Les jeunes du monde entier criaient haut et fort leur désir de paix, de liberté et de solidarité en manifestant leur désaveu de la classe politique responsable à des degrés divers du chômage qui barrait leur horizon (no future) et de la misère dans laquelle ils se débattaient. L’avenir aurait pu être radieux si les forces négatives qui travaillaient le monde n’avaient pas étouffé peu à peu l’immense espoir suscité par les mouvements révolutionnaires non violents de cette époque.

     Drôle d’Histoire

     2064

De reculade en reculade

(fiction en cours d’écriture)

  L’humanité devait faire face à de fortes perturbations climatiques et géopolitiques qui conduisaient les dirigeants du monde occidental à se durcir contre la volonté même de leurs peuples. Les principes de liberté, d’égalité et de fraternité, chers à la République française, étaient de plus en plus ouvertement  bafoués. De reculade en reculade, les grandes institutions issues des Lumières, qui avaient été confortées après la seconde guerre mondiale par le Conseil national de la résistance, finissaient par être vidées de leur sens. Dans les autres grandes démocraties, les dégâts causés par le nouvel ordre qui se mettait partout en place étaient aussi gravissimes qu’en France. Sous le prétexte de protéger les citoyens, de nouvelles lois plus liberticides les unes que les autres étaient votées par des élites parlementaires de moins en moins responsables de leurs actes devant les peuples. Partout, une crise aiguë de la démocratie provoquait des protestations massives de la population, qui se contentait en général de manifester pacifiquement, mais la récupération de ces mouvements populaires par l’extrême-droite ou quelques groupuscules plus rares de la gauche révolutionnaire, en perte de vitesse depuis la fin du vingtième siècle, était brandie par les gouvernements pour justifier et amplifier la répression policière. A l’angoisse de l’électorat qui se réfugiait dans une abstention de plus en plus abyssale, l’élite politique répondait par l’incompréhension, par la peur et par la force.  Le monde devenait orwellien. Et nous, nous étions aveugles…

     Drôle d’Histoire

     2064