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Le monstre doux

Nous étions si fragiles…

    Hélas…

   Raffaele Simone, dans Le monstre doux, publié en 2010, avait démonté le mécanisme du projet de la droite conquérante de l’époque, qui consistait à faciliter l’expansion de la consommation et du divertissement pour instaurer une nouvelle forme de domination prophétisée par Alexis de Tocqueville dans son livre De la démocratie en Amérique. Elle s’ingérerait jusque dans la vie privée des citoyens, développant un autoritarisme « plus étendu et plus doux », qui « dégraderait les hommes sans les tourmenter ». Ce nouveau pouvoir, pour lequel « les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent pas », transformerait les citoyens qui se sont battus pour la liberté en « une foule innombrable d’hommes semblables (…) qui tournent sans repos pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, (…) où chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée des autres ». Isolés, tout à leur distraction, concentrés sur leurs intérêts immédiats, incapables de s’associer pour résister, ces hommes remettent alors leur destinée à « un pouvoir immense et tutélaire qui se charge d’assurer leur jouissance (…) et ne cherche qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance. Ce pouvoir aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il pourvoit à leur sécurité (…) facilite leurs plaisirs (…) Il ne brise pas les volontés mais il les amollit (…), il éteint, il hébète ». Raffaele Simone pensait que la prophétie d’Alexis de Tocqueville était en train de se réaliser et que l’Italie de l’époque, avec Silvio Berlusconi, en était devenue le prototype abouti. Ce nouveau régime fort s’appuyait sur une droite anonyme et diffuse associée au grand capital national et international, plus proche des milieux financiers qu’industriels, puissante dans les médias, décidée à réduire le contrôle de l’Etat et les services publics, rétive à la lenteur de la prise de décision démocratique, méprisant la vie intellectuelle et la recherche, développant une idéologie de la réussite individuelle, cherchant à museler son opposition, violente à l’égard des minorités, populiste au sens où elle contournait la démocratie au nom de ce qu’aurait voulu, selon elle, le peuple. Face à cette droite hégémonique, la gauche n’existait pour ainsi dire plus. De reniement en reniement, elle s’était sabordée. (cf lemonde.fr, octobre 2010)

Un autre monde était possible

Nous étions si fragiles…

    Xavier avait été ingénieur agronome. Il aidait Sylvain dans ses expérimentations agricoles. Lui aussi, au cours de sa vie antérieure, avait milité pour un autre modèle économique et d’autres pratiques de développement, respectueuses des ressources de la planète. Ils avaient tous deux l’expérience des modes de fonctionnement autogestionnaire des petites communautés libertaires qui s’étaient développées dans le monde entier dans la foulée du mouvement des indignés, après les grands rassemblements de l’année 2012. Les démocraties, à cette époque, étaient déjà très malades. Les représentations parlementaires trahissaient en permanence l’expression de la volonté populaire, les pouvoirs intermédiaires étaient incapables d’assurer la transmission, les partis politiques étaient complètement sclérosés, les médias diffusaient un bougli-bougla insipide destiné à occuper les esprits tout en les privant de réflexion. L’époque, plus que toute autre, aimait le divertissement, qui lui était désormais offert non plus seulement sur les écrans de télévision classique, mais aussi sur toutes sortes de supports connectés, nomades et tactiles. Les professionnels de la politique usaient et abusaient des sondages et des techniques de communication pour devancer l’opinion et l’orienter dans le sens qu’ils souhaitaient. Mais les réseaux sociaux étaient nés, facebook, twitter, et ce dernier surtout permettait un échange d’informations partout et à tout moment à l’instant même où un événement se produisait, où se tenait une réunion, un rassemblement, où se faisaient les discours. L’échange était théoriquement limité (à cette époque) par l’obligation de condenser les messages en 140 caractères (pas un de plus!), mais cette contrainte était contournée par l’ajout de liens qui renvoyaient les interlocuteurs vers des sites, blogs, journaux électroniques, qui procuraient aux auteurs l’espace nécessaire pour développer leurs idées, au grand dam de la presse traditionnelle qui voyait se lever devant elle des citoyens lambda qui faisaient oeuvre de journalisme, et de l’intelligentsia admise dans les palais de la République dont la pensée à la mode était brillamment contestée par des anonymes qui faisaient preuve d’une rigueur intellectuelle dont elle n’avait plus l’habitude et qui aurait dû lui faire honte…

Vie antérieure

  

(fiction en cours d’écriture)

    Xavier avait été ingénieur agronome. Il aidait Sylvain dans ses expérimentations agricoles. Lui aussi, au cours de sa vie antérieure, avait milité pour un autre modèle économique et d’autres pratiques de développement, respectueuses des ressources de la planète. Ils avaient tous deux l’expérience des modes de fonctionnement autogestionnaire des petites communautés libertaires qui s’étaient développées dans le monde entier dans la foulée du mouvement des indignés, après les grands rassemblements de l’année 2012.

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