classe

La carte de Marion Maréchal-Le Pen

Nous étions si fragiles…

    Marine Le Pen n’avait pas été réélue à l’issue de son quinquennat en 2027, mais sa nièce avait repris le flambeau et sévissait à la tête de l’Etat depuis 2037. Dans l’intervalle, le pays avait oscillé entre la politique droitière et protectionniste de Laurent Wauquiez, qui avait damé le pion à la présidente sortante en réussissant à séduire son électorat, et la politique ultra libérale, mondialiste et européiste, d’Emmanuel Macron, élu en 2032 sur la base d’un programme que les Françaises et les Français avaient accueilli comme une bouffée d’oxygène après la chape de plomb des dix années précédentes, car ils avaient cru que le nouveau président, qui ne se voulait ni de droite ni de gauche, serait tout simplement centriste et humaniste. Le malentendu dura moins d’une année. Les classes populaires et moyennes basses découvrirent rapidement l’ampleur des attaques menées contre elles par le nouveau pouvoir, bientôt désigné comme l’extrême centre. La révolution désirée par Emmanuel Macron était celle que les milieux d’affaires et financiers appelaient de leurs vœux depuis l’accession au pouvoir des néo-libéraux Margaret Thatcher et Ronald Reagan à la fin du vingtième siècle, et dont tous les dirigeants politiques qui s’étaient succédé depuis, en Europe comme aux Etats-Unis, avaient favorisé la mise en œuvre. Celle-ci était en réalité déjà bien avancée, mais les tenants forcenés du néolibéralisme en voulaient toujours plus! Ils se sentaient près du but et piaffaient d’impatience, perdaient toute retenue, faisaient voler en éclats tous les tabous. Leur rêve était de parvenir à réduire à néant la puissance publique des Etats pour que les empires financiers ne trouvent plus aucune limite à leur expansion. En France, la devise de la République exprimait un désir profond d’égalité et de fraternité qui rendait leurs manœuvres plus difficiles qu’ailleurs, mais ils avaient trouvé en Emmanuel Macron un mercenaire déterminé, nostalgique de la monarchie, qui allait chercher l’inspiration auprès des tombeaux des rois dans la basilique de Saint-Denis! L’homme se rêvait lui-même en roi de droit divin et, s’il ne pouvait prétendre à ce titre, se sentait assez au-dessus de ses concitoyens pour conduire les affaires du pays en président-monarque. Cette folie mégalomaniaque lui fit commettre de graves erreurs en politique intérieure comme en politique extérieure, et son quinquennat se termina en désastre. C’est alors que les financiers aux abois, terrorisés par la perspective d’une victoire à la prochaine élection présidentielle de ce qu’ils appelaient l’ultra-gauche, sortirent de leur chapeau la carte de Marion Maréchal-Le Pen, qui n’était pas tout à fait neuve mais donnait encore l’illusion d’une certaine modernité…

Émeutes raciales

Nous étions si fragiles…

    Les failles de la société américaine, mal colmatées ou camouflées par les classes dominantes, apparaissaient sous une lumière crue et cruelle… Les Etats-Unis étaient le plus inégalitaire des pays riches, mais riches, tous les Américains du Nord étaient loin de l’être! Moins de dix pour cent des actifs y accaparaient plus de la moitié des revenus. Les inégalités avaient explosé au point de menacer la cohésion du pays car la population hispanique et surtout noire en subissait les plus lourds effets, et les grandes luttes raciales du vingtième siècle avaient été réactivées une trentaine d’années auparavant… Les Noirs accusaient les forces de l’ordre de faire peu de cas de leur vie. Des chercheurs avaient calculé, en effet, que le risque d’être tué par un policier était deux fois plus important pour un Noir sans arme que pour un Blanc désarmé. Cette nouvelle ère de turbulences raciales avait commencé avec les émeutes de Ferguson à la suite de l’affaire Michael Brown, un jeune afro-américain de dix-huit ans non armé au moment des faits, abattu de six coups de feu par le policier blanc Darren Wilson le 9 août 2014. La veillée funèbre organisée le 10 août avait débuté pacifiquement mais une partie de la foule laissa libre cours à sa colère en s’adonnant à des pillages de magasins, à des destructions, à des provocations envers les forces de l’ordre et à des jets de projectiles. La situation dégénéra et les affrontements se multiplièrent pendant plus d’une semaine. Le 24 novembre, la décision prise par le grand jury de ne pas inculper le policier déclencha de nouvelles flambées de violence qui conduisirent à la proclamation de l’état d’urgence par le gouverneur du Missouri. Le 10 août 2015, un an après la mort de Michael Brown, la ville de Ferguson était de nouveau au bord du gouffre… Ces émeutes avaient révélé au monde les échecs récents de l’american way of life. La population blanche vieillissante, durement frappée par la crise financière de 2007, se tenait sur la défensive, tentée par le repli sur soi. Par ailleurs, si les habitants de la côte Est et de la côte Ouest avaient fortement intégré et accompagné les changements sociétaux, ce n’était pas du tout le cas dans l’Amérique profonde. Un demi-siècle environ après l’adoption par le Congrès d’une législation historique sur les droits civiques, la fracture entre Blancs et Noirs n’avait jamais été aussi béante. Les relations étaient tellement dégradées qu’en juillet 2016 des policiers blancs avaient été pris pour cibles et abattus de sang-froid par des snipers noirs, d’abord à Dallas, puis, quelques jours plus tard seulement, à Bâton-Rouge. Ces meurtres inauguraient une période de tension et de suspicion qui devaient empoisonner pendant longtemps la société américaine…

Le monde de Martens

Nous étions si fragiles…

    Martens disait venir d’un monde où tout était lisse… Au fil de nos conversations, en réunissant les bribes d’informations qu’il me livrait, je m’efforçais de reconstituer cet univers bizarre dont il ne parlait qu’avec réticence. Personne n’y était laid, personne n’y était pauvre. Les magasins de Callipole étaient toujours approvisionnés, mais le commerce du luxe n’existait pas. Il n’y avait pas non plus de librairies ni de bibliothèques. Quelques livres numériques étaient disponibles gratuitement sur un site officiel et un journal unique, gratuit lui aussi, était distribué quotidiennement à tous les habitants, dans des messageries virtuelles qui leur étaient attribuées dès la naissance avec un numéro de code qui servait à l’identification des personnes en toutes circonstances, jusqu’à la mort. Celle-ci était présentée comme un passage initiatique, permettant d’accéder à des formes de vie dites supérieures. L’Etat était à l’origine d’une pensée métaphysique et philosophique sommaire dont l’objectif était d’apporter des réponses rassurantes aux interrogations et aux frustrations inévitables de la population, maintenue dans l’ignorance des humanités encore enseignées dans notre monde, et dont Martens paraissait s’abreuver depuis qu’il avait accès à nos bases de données… Dans les écoles de ce pays improbable, on apprenait selon Martens une langue et une culture dites «essentielles». Les enfants n’étaient ni notés ni classés. Ceux qui continueraient leurs études dans les institutions formant l’élite administrative étaient sélectionnés sur des critères de personnalité par des responsables éducatifs qui passaient dans les classes de façon aléatoire. Un corps d’élite scientifique recruté et formé dans une unité spéciale au fonctionnement secret était placé sous l’autorité directe du Chef de l’Etat. En tant que Chef suprême du maintien de l’Ordre, celui-ci arbitrait tous les dossiers sensibles ne relevant pas de la routine…

Inégalités

Page sombre

(Récit en cours d’écriture)

     Les failles de la société américaine, mal colmatées ou camouflées par les classes dominantes, apparaissaient sous une lumière crue et cruelle… Les Etats-Unis étaient le plus inégalitaire des pays riches, mais riches, tous les Américains du Nord étaient loin de l’être! Moins de dix pour cent des actifs y accaparaient plus de la moitié des revenus. Les inégalités avaient explosé au point de menacer la cohésion du pays car la population hispanique et surtout noire en subissait les plus lourds effets, et les grandes luttes raciales du vingtième siècle avaient été réactivées une trentaine d’années auparavant…

    Le piano de Louis 

     2064

Un univers lisse

Page sombre

(Récit en cours d’écriture)

     Martin disait venir d’un monde où tout était lisse… Au fil de nos conversations, en réunissant les bribes d’informations qu’il me livrait, je m’efforçais  de reconstituer cet univers bizarre dont il ne parlait qu’avec réticence. Personne n’y était laid, personne n’y était pauvre. Les magasins de Callipole étaient toujours approvisionnés, mais le commerce du luxe n’existait pas. Il n’y avait pas non plus de librairies. Quelques livres numériques étaient disponibles gratuitement sur un site officiel et un journal unique, gratuit lui aussi, était distribué quotidiennement à tous les habitants, dans des messageries virtuelles qui leur étaient attribuées dès la naissance avec un numéro de code qui servait à l’identification des personnes en toutes circonstances, jusqu’à la mort. Celle-ci était présentée comme un passage initiatique permettant d’accéder à des formes de vie dites supérieures. L’Etat était à l’origine d’une pensée métaphysique et philosophique sommaire qui devait apporter quelques réponses, dans la mesure du possible, aux interrogations et aux frustrations inévitables… Dans les écoles, on apprenait une langue et une culture dites « essentielles »… Les enfants n’étaient ni notés ni classés. Un responsable de l’enseignement passait dans les classes pour sélectionner ceux qui continueraient leurs études dans les institutions formant l’élite administrative…

     Ecrit depuis l’avenir

     2064

Un astre mort

   

     Martin possédait un secret que nous emporterons avec nous dans les ténèbres. Se pourrait-il que son mystérieux pays soit resté indemne ? Les habitants de cette enclave préservée seraient les héritiers de notre Terre en ruine. Une terre dévastée, polluée, irrespirable, radioactive, devenue en lieu et place de territoires qui avaient été si riches plus sèche et plus inhospitalière qu’un désert. Qu’en feraient-ils? Redécouvriraient-ils nos bibliothèques? L’état de leurs connaissances scientifiques leur permettrait-il de reconquérir les verts paradis perdus de la planète? Démiurges, mauvais génies, nous sommes à l’origine de dégâts irréversibles, du moins pourraient-ils vivre à l’abri de scaphandres ou dans des espèces de bulles semblables à celles qui s’étaient multipliées dans les parcs de loisir, au début du millénaire, pour les citadins stressés des classes moyennes qui cherchaient à se ressourcer dans un ersatz de nature… où à ces stations orbitales expérimentales dans lesquelles restaient confinés pendant plusieurs mois des astronautes volontaires pour tester la résistance humaine et préparer de futurs voyages au long cours dans la galaxie. Les humains modernes rêvaient de coloniser l’espace, leur planète est devenue un astre mort qui accueillera peut-être d’improbables explorateurs…

     Drôle d’Histoire

     2055

Dégage!

(fiction en cours d’écriture)

     Mais dans le monde récemment globalisé, les informations circulaient à toute vitesse. Un vent d’indignation commença à se lever et à se propager de pays en pays, suscitant le Printemps arabe en 2010, suivi par le mouvement espagnol des Indignés et le mouvement international Occupy en 2011. Outre le départ des dictateurs et l’instauration d’une démocratie, les manifestants arabes exigeaient un partage des richesses qui leur assure de meilleures conditions de vie, des emplois, et la dignité (« karama » en arabe). Ils voulaient reprendre la main, le la était donné par leur slogan « Dégage! », « Erhal! ». En Tunisie, point de départ des contestations populaires, la révolte aboutit à la chute du dictateur Ben Ali puis, en Egypte, à celle d’Hosni Moubarak. La détermination non violente de la jeunesse arabe inspira la jeunesse occidentale qui se rassembla elle aussi dans d’impressionnantes manifestations festives sur les places des grandes villes. Les jeunes du monde entier criaient haut et fort leur désir de paix, de liberté et de solidarité en manifestant leur désaveu de la classe politique responsable à des degrés divers du chômage qui barrait leur horizon (no future) et de la misère dans laquelle ils se débattaient. L’avenir aurait pu être radieux si les forces négatives qui travaillaient le monde n’avaient pas étouffé peu à peu l’immense espoir suscité par les mouvements révolutionnaires non violents de cette époque.

     Drôle d’Histoire

     2064